L’INS Konemiyut, un navire de guerre israélien, a fait escale du 6 au 7 juin au port de Tanger Med pour se ravitailler, a révélé le 19 juin dernier la presse de l’État hébreu, suscitant dans la foulée une vive indignation populaire et médiatique au Maroc, où des manifestations, souvent massives contre les représailles israéliennes à Gaza, sont fréquemment organisées.
Selon le quotidien économique israélien Globes, le navire, de 90 mètres de long, a navigué depuis les chantiers navals de Pascagoula dans le Mississipi aux États-Unis, où il a été livré à la Marine israélienne, jusqu’à à la base navale de Haïfa en territoire palestinien occupé.
Il ne s’agit pas d’un précédent, puisqu’en septembre dernier, juste avant que la guerre n’éclate à Gaza, l’INS Nachshon, un navire similaire livré à Tsahal depuis Pascagoula, avait également fait escale à Tanger.
«Les navires de la mort israéliens»
Médias, ONG et réseaux sociaux ont dénoncé un énième signe de «complicité» entre les deux pays qui ont normalisé leurs relations en décembre 2020, et ce, malgré une contestation populaire importante dans le pays, qui s’est intensifiée depuis le début des représailles israéliennes à Gaza le 7 octobre dernier.
Dans un communiqué relayé massivement par les médias marocains et internationaux, le groupe d’action national pour la Palestine, l’une des principales ONG pro-palestiniennes au Maroc, a fustigé, le 21 juin, un «soutien» de Rabat au «terrorisme sioniste» qui commet des «massacres barbares sans précédent contre le peuple palestinien».
L’ONG note que le navire de guerre israélien s’est ravitaillé «en carburant et en provisions» au Maroc afin de «poursuivre les crimes de génocide contre le peuple palestinien».
Cette «complicité» de Rabat intervient alors que le Yémen lutte pour empêcher «les navires de la mort israéliens» de passer en mer Rouge, tandis que l’Espagne refuse aux «navires de génocide» d’accoster dans ses ports.
Tout en réclamant une enquête pour «situer les responsabilités», l’ONG a appelé à fédérer les efforts afin de mettre fin à ce qu’elle qualifie de «dangereux tsunami».
L’Espagne «du bon côté de l’Histoire»
De son côté, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation a fustigé dans un communiqué le 22 juin «l’absence de réaction de l’État marocain» à la suite de l’accostage du navire de guerre israélien au port de Tanger.
L’ONG fait, elle aussi, le parallèle avec l’attitude des autorités espagnoles qui se positionnent «du bon côté de l’Histoire», en refusant le 19 mai dernier d’autoriser l’accostage dans l’un de ses ports du navire danois Marianne Danica qui transportait 37 tonnes d’explosifs et des armes indiennes destinées à Israël.
En effet, dans une position similaire, l’Espagne a récemment refusé de ravitailler ce cargo, reflétant une position plus ferme de l’Espagne qui a annoncé récemment sa reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Une posture contrastant fortement avec le Maroc, qui a franchi un nouveau pas dans ses relations normalisées avec l’État hébreu.
Normalisation arabe
Le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en 2020, après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, portant à six le nombre total de pays arabes ayant des relations avec Israël, l'Égypte et la Jordanie ayant déjà conclu des traités de paix complets avec Israël, respectivement en 1979 et 1994.
Presque tous les jours depuis le début de la guerre à Gaza, les villes marocaines ont été le théâtre de rassemblements et de manifestations de solidarité avec le peuple palestinien et de protestation contre les frappes meurtrières de Tsahal.