Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Nouri, et son homologue italien Matteo Piantedosi se sont entretenus par téléphone afin de discuter de l’immigration illégale et du renforcement de leur coopération en la matière, a annoncé un communiqué du ministère tunisien de l’Intérieur publié ce 22 juin sur Facebook.
Le communiqué indique que cette entrevue téléphonique, qui s’est déroulée le 21 juin, a également porté sur l’éventualité d’une coordination avec les organisations onusiennes afin d’encourager le retour volontaire vers leurs pays d’origine des clandestins présents sur le sol tunisien. Des candidats à l’immigration clandestine qui, en Tunisie, sont majoritairement d’origine subsaharienne.
En janvier dernier, l’antenne tunisienne de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) avait annoncé dans un communiqué publié sur son site, avoir «facilité le retour volontaire, en toute sécurité et dans la dignité» de 392 migrants vers leurs pays d’origine. Parmi eux figuraient 163 Burkinabés, 165 Gambiens, 7 Guinéens, 33 Maliens, 23 Sénégalais et 1 Libérien, a précisé l’OIM.
Selon l’agence onusienne, ces rapatriements ont eu lieu en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes, ainsi que des acteurs tels que le Croissant-Rouge tunisien (CRT) et en coordination avec les bureaux de l'OIM dans les pays d'origine.
La Tunisie, garde-côte de l’UE ?
Fin mai, une augmentation de 200% a été enregistrée en termes de retour volontaire, d’après la déclaration de l’OIM rapportée par les correspondants de l’AFP à Tunis. «Depuis le 1er janvier jusqu’au 27 mai 2024 inclus, l’OIM a facilité le retour volontaire et la réintégration de 3 251 migrants depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine. Ce qui représente une augmentation de 200% par rapport à la totalité de l’année 2023, où 2 557 migrants sont rentrés volontairement chez eux», lit-on de même source.
À Rome, le gouvernement de Georgia Meloni entend renforcer sa coopération avec Tunis afin d’endiguer l’immigration clandestine vers l’Europe. L'île italienne de Lampedusa est à moins de 150 kilomètres de plusieurs villes côtières tunisiennes, une distance qui séduit les candidats africains à l'immigration vers l’Europe.
Plusieurs acteurs en Tunisie sont sceptiques concernant cette coopération, à l’instar du député et président de la commission parlementaire du Tourisme, de la Culture, des Services et de l'Artisanat, Yassine Mami, qui avait estimé à la mi-juin que la Tunisie n’avait «pas à jouer le rôle de garde-côtes des pays européens», comme le rapportait le site tunisien Business News.
Des propos rappelés le 21 juin, dans une tribune publiée par la rédactrice en chef adjointe du site, qui fustige la récente annonce par Tunis de la création d’une Zone de recherche et de sauvetage (SAR). «La dame obtient cette nouvelle mesure qui fait officiellement de notre pays un poste frontalier avancé pour l’Italie et toute l’Europe», a notamment lancé la journaliste en parlant Georgia Meloni, qualifiant la SAR de «sorte de no man’s land pour l’Europe».
Dans cet espace maritime, qui s’étend au-delà de ses eaux territoriales, la Tunisie aura pour responsabilité d’y arraisonner les embarcations de clandestins et de ramener les candidats à l’exil sur son sol. L’annonce de la création de cette zone avait été saluée par le ministre italien de l’Intérieur Matteo Piantedosi, estimant qu’elle représentait «une avancée significative pour sauver des vies et contrôler les flux migratoires irréguliers».