«La politique monétaire actuelle donnera de bons résultats et contribuera à atténuer l’inflation», a assuré le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, soulignant l’importance de la stabilité des prix et du taux de change pour la compétitivité économique de la Tunisie.
Le gouverneur de l’institution monétaire tunisienne, qui intervenait lors d’un panel du Forum tunisien de l’investissement (FIT) tenu les 12 et 13 juin à Tunis, a mis en avant les efforts de la BCT pour faire face au «défi» de l’inflation qui «l’ennuie», tout en insistant sur le rôle «crucial» de l’investissement pour la croissance économique.
Deux épisodes difficiles
Cité par l’agence de presse TAP et plusieurs médias tunisiens, le patron de la BCT a affirmé que l’économie tunisienne avait été confrontée, au cours de la dernière décennie, à deux épisodes difficiles avec une forte inflation.
Le premier a eu lieu en 2017, lorsque la lutte contre l’inflation a nécessité le recours à «des instruments lourds», relate-t-il, faisant notamment référence à la baisse de 350 points de base du taux directeur d’intérêt, qui a suscité à l'époque une vive controverse.
La seconde période, «beaucoup moins difficile», affirme-t-il, est celle qu’on connaît aujourd’hui, et qui se caractérise, selon lui, par la «prévalence de l’inflation de l’offre».
La bonne nouvelle, selon le gouverneur de la BCT, c’est que cette inflation est inscrite sur une «trajectoire en baisse» augurant, toujours selon lui, d'une «période de désinflation»
Le taux d’inflation est passé, en effet, de 10,4% en février 2023 à 7,2% en mai 2024.
L’inflation «ennuie» le gouverneur de la BCT
«C’est une baisse lente. Mais ça m’ennuie, en tant que gouverneur de la Banque centrale», s’est irrité Fethi Zouhair Nouri, exprimant ses craintes quant à un nouvel épisode inflationniste, qui provoquerait un «désencrage» s’il «s’installait dans la durée» et «prenait racine dans l’économie».
En février 2023, l'inflation avait atteint son seuil le plus haut depuis 30 ans à 10,4 %, selon les données officielles, fournies régulièrement par l’Institut national des statistiques (INS).
Avant les événements de décembre 2010 et janvier 2011, lorsque des émeutes populaires ont renversé l’ancien président Ben Ali, l’inflation oscillait en moyenne entre 3 et 4,5%, selon les données de l’INS.
En décembre 2012, l’inflation est montée à un seuil de 5,9%, qualifié de «record» à cette époque-là, pour augmenter au fil des années, atteignant 9,2% en 2016.
«C’est une baisse lente, mais c’est un bon résultat»
Ce taux d’inflation n’est jamais descendu au-dessous des 7% depuis plus d’une décennie, faisant de cette période la plus longue crise inflationniste de l’histoire du pays et constituant un véritable casse-tête pour les gouvernements successifs à la tête du pays.
«Nous sommes actuellement en train de fournir des efforts pour éviter une dérive inflationniste parce que l’inflation est encore persistante», a reconnu le gouverneur de la Banque centrale, soutenant que cette inflation allait «continuer à baisser» grâce à la politique monétaire actuelle.
D’ailleurs, l’inflation sous-jacente qui est passée de 9,6% à 7,3% témoigne, selon ses dires, de l’efficacité de cette politique, qui a également permis de réduire le déficit courant à près de 2,6% pour toute l’année, contre 8,7% une année auparavant.
Quant aux réserves de change, elles se portent bien, selon lui, permettant au pays de disposer «d’un petit coussin lui permettant de faire face aux difficultés futures.»
Pour ce qui est de l’inflation, «c’est une baisse lente, mais c’est un bon résultat», insiste le gouverneur de la BCT. «Quand je la compare à ce qu’il se passe à l’échelle internationale, je vois qu’on est sur la même tendance», conclut-il, optimiste.