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Après des décennies d’interruption, le trafic ferroviaire entre la Tunisie et l’Algérie va reprendre du service

Un voyage expérimental sur la ligne reliant la ville portuaire algérienne d’Annaba à Tunis s’est achevé le 7 juin, une première depuis les années 1990. Le rétablissement de cette ligne ferroviaire s’inscrit dans un contexte de développement de la coopération bilatérale entre les deux pays voisins.

La ligne ferroviaire entre l'Algérie et la Tunisie va reprendre du service. Parti tôt le 6 juin de la ville portuaire algérienne d’Annaba, vers Ghardimaou, en Tunisie, avant de rallier la capitale, le train a effectué le trajet inverse le 7 juin.

Un voyage expérimental, au cours duquel les délégations de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) et de son pendant algérien, la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), présidées par les directeurs généraux des deux sociétés, ont finalisé les derniers préparatifs liés à la reprise du trafic ferroviaire entre les deux pays. Le lancement commercial est prévu entre le 15 juin et le 5 juillet prochain, a annoncé à l'agence de presse tunisienne TAP une source au sein de la SNCFT.

Quelques mois auparavant, les équipes techniques de la Société tunisienne avaient entamé les travaux d’inspection de la ligne ferroviaire menant à la frontière. Les unités ont réparé les parties des rails usées après une longue période d’inactivité, conformément aux normes de sécurité techniques.

En attendant que la Tunisie se dote de nouveaux trains, le service sera assuré, en premier lieu, par des trains algériens. Le trajet de huit heures sera ponctué d'arrêts dans les gouvernorats de Béja et de Jendouba, la ville de Ghardimaou en Tunisie, ainsi que la commune de Souk Ahras en Algérie.

Un trafic ferroviaire interrompu depuis des décennies

Les autorités des deux pays ne s’imposent pas un visa d’entrée, cependant les agents de la douane des deux parties effectueront les contrôles à bord afin d’éviter une perte de temps aux passages frontaliers.

Depuis les années 1990, la liaison ferroviaire entre Alger et Tunis a été interrompue en raison des circonstances traversées par l’Algérie à l’époque.

Le quotidien algérien Al Khabar a rapporté que la SNTF avait annoncé en 2017 la programmation de la réouverture de cette ligne ferroviaire, mais cette première tentative de relance avait échoué pour des raisons techniques. «Les chemins de fer en Tunisie doivent être complètement réhabilités pour que cette relance puisse voir le jour», avait déclaré, en 2018, l’ancien directeur de la Société algérienne, Yacine Bendjaballah, lit-on de même source.

La réouverture de cette ligne entre la Tunisie et l'Algérie renforcera davantage les relations des deux peuples qui se déclarent mutuellement amis et frères.

La coopération algéro-tunisienne en plein essor

«Plus d’un million de touristes algériens avaient visité la Tunisie à la fin du mois de juin 2023», a rapporté l’agence Tunis Afrique presse, citant le ministre tunisien du Tourisme Mohamed Moez Belhassine. Celui-ci a évoqué les efforts déployés pour faciliter l'accès aux Algériens, notamment les voyages organisés pour les ressortissants du pays voisin résidant en France vers l'aéroport de Tozeur-Nefta, avec une possibilité de passer leurs vacances dans la région, avant de rentrer en Algérie».

Le responsable tunisien a également mis en exergue les possibilités de coopération bilatérale afin de créer des circuits touristiques conjoints, notamment en matière de tourisme saharien et culturel.

En janvier dernier, la Tunisie et l’Algérie ont mis en place une feuille de route détaillée pour le développement de leur frontière commune. Ce document prévoit, entre autres, l'établissement d'une zone de libre-échange ainsi que la formation de stagiaires algériens dans les domaines du tourisme, de l’hôtellerie et de la pêche au niveau de l’école de Tourisme d’Ain Draham et des centres de formation touristique à Tabarka, deux villes situées au Nord-Ouest de la Tunisie, non loin de sa frontière avec l’Algérie.