«Les 137 otages - 76 filles et 61 garçons - ont été secourus dans l'Etat de Zamfara et seront remis au gouvernement de l'Etat de Kaduna», où ils avaient été enlevés, a déclaré ce 24 mars le porte-parole de l'armée, le général Edward Buba.
Selon le gouverneur de l'Etat de Kaduna Uba Sani, «les élèves de l'école de Kuriga kidnappés» ont été retrouvés «sains et saufs». Le général Buba a précisé à l'AFP que l'ensemble des petits captifs avaient été secourus.
Le nombre de victimes avait précédemment été estimé à environ 250 par les enseignants et les villageois. Cependant, les bilans sont souvent revus à la baisse au Nigeria avec le retour chez eux de villageois qui avaient fui les attaques, mais n'en avaient pas été victimes.
Les enfants, âgés de 8 à 15 ans selon des informations de presse, avaient été emmenés le 7 mars par des hommes armés qui avaient attaqué leur établissement scolaire dans le village de Kuriga, dans le nord-ouest du pays, théâtre d'enlèvements à grande échelle ces dernières années.
Le drame avait provoqué une polémique nationale sur l'insécurité dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique - et des recherches massives de l'armée, notamment dans les forêts du pays, selon des responsables officiels.
«C'est un jour de joie», s'est félicité dans un communiqué le gouverneur Uba Sani, sans préciser les circonstances de la libération, mais en remerciant l'armée, le président Bola Ahmed Tinubu, le conseiller à la sécurité nationale et «tous les Nigérians qui ont prié avec ferveur pour le retour des élèves sains et saufs».
Des gangs appelés localement des «bandits» sont à l'origine de ces enlèvements massifs dans le nord-ouest et le centre-nord du Nigeria. Ils ciblent les écoles, les villages et les autoroutes où ils peuvent rapidement enlever un grand nombre de personnes pour demander une rançon.
L'industrie du kidnapping
Officiellement, le paiement de rançons est interdit depuis une loi adoptée en 2022 et les autorités rejettent tout versement quand les otages sont libérés à la suite de négociations avec les ravisseurs.
De nombreuses victimes d'enlèvements de masse sont toujours portées disparues. Le week-end dernier, des ravisseurs ont enlevé plus de 100 personnes lors de deux attaques dans l'État de Kaduna.
Le 23 mars, l'armée a annoncé avoir secouru 16 élèves enlevés deux jours seulement après l'attaque de Kuriga, dans une école de Sokoto, également dans le nord-ouest du pays.
Au début des années 2000, les ravisseurs ciblaient les travailleurs du secteur pétrolier dans le delta du Niger, mais la prise d'otages est depuis devenue une industrie nationale pour les gangs criminels et des jihadistes.
Selon le cabinet nigérian de conseil en risques SBM Intelligence, 4.777 personnes ont été enlevées depuis mai 2023.
Le Président Bola Ahmed Tinubu est arrivé au pouvoir en promettant, comme ses prédécesseurs, de s'attaquer à l'insécurité, alimentée par les groupes jihadistes, les bandits dans le nord-est et la flambée de violence intercommunautaire dans les Etats du centre. En début d'année, il a affirmé qu'il s'attaquerait aux causes profondes de cette crise, notamment par le biais de l'éducation.
Les récents enlèvements de masse ont eu lieu près de 10 ans après que les militants de Boko Haram eurent déclenché un tollé international en 2014 en enlevant plus de 250 écolières à Chibok, dans le nord-est. Boko Haram et le groupe rival État islamique de la province d'Afrique de l'Ouest (ISWAP) procèdent encore régulièrement à des enlèvements.