Le mastodonte des engrais minéraux Ouralchem a livré gracieusement au Zimbabwe 23 000 tonnes d'engrais, peut-on lire dans une publication datée du 20 mars sur la chaîne Telegram Index Afrique dédiée à la coopération entre la Russie et l'Afrique.
Les livraisons de céréales russes au Zimbabwe sont plus que jamais nécessaires. Le pays s'enfonce en effet progressivement dans une crise agricole due aux mauvaises récoltes provoquées par le phénomène El Niño, qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l'eau, provoquant de graves sécheresses. Plusieurs mois de pluies insuffisantes font peser un risque considérable à plus de 13 millions de personnes en Afrique australe selon les Nations unies, qui soulignent que ce nombre devrait augmenter dans les prochains mois.
Le chargement d'engrais d'Ouralchem avait été acheminé par voie maritime jusqu'au port de Beira au Mozambique, et de là transporté par voie terrestre jusqu'au Zimbabwe qui ne dispose pas d'accès à la mer. Il comporte pour l'essentiel de la potasse et des engrais complexes NPK. La livraison de la marchandise a été financée par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.
Ce don constitue la dernière partie des livraisons humanitaires d'Ouralchem à des pays africains qui, outre le Zimbabwe, étaient destinées au Malawi, au Nigéria et au Kenya, à qui 34 000 tonnes d'engrais avaient été expédiées en avril 2023 depuis le port de Riga.
Créée en 2007 et basée à Moscou, la société Ouralchem est le premier producteur russe de nitrate d'ammonium et de potasse. Elle fournit également en engrais minéraux la Biélorussie et les pays de la CEI.
En prévision du sommet Russie-Afrique de juillet 2023, le responsable des partenariats internationaux d'Ouralchem Andreï Goutorov avait annoncé le 12 juillet son intention de livrer gratuitement environ 300 000 tonnes d'engrais aux pays africains dans un souci de «lutter contre la faim et l’aggravation de la crise alimentaire mondiale». En 2022, le volume de livraisons d'engrais s'élevait à 258 000 tonnes, dont 134 000 sans contrepartie.
Une coopération commerciale en plein essor
Le 1er février dernier, une délégation russe de l'agence de régulation technique et de métrologie avait rencontré une délégation du Zimbabwe à Harare pour aborder les questions de standardisation afin de développer les liens commerciaux entre les deux pays. Première réunion de ce genre, elle rassemblait des diplomates et dirigeants de l'industrie et du commerce.
Cette initiative visait à élargir les échanges, encore limités, entre la Russie et le Zimbabwe. Selon l'agence du commerce extérieur russe, les exportations russes vers le Zimbabwe en 2021 s'élevaient à 43 millions de dollars. Elles étaient composées pour l'essentiel de céréales (35%), engrais (41%), produits pharmaceutiques (6,4%), livres et productions reprographiques (6,6%).
Le 20 mars dernier à l'occasion de la conférence «La Russie et l'Afrique dans un monde multipolaire», le président russe avait promis une aide humanitaire aux «pays africains qui en ont le plus besoin» en cas d'échec de l'accord céréalier signé en 2022 entre la Russie et l'Ukraine, sous l'égide de la Turquie et de l'ONU, devant permettre le passage de navires transportant des céréales en Mer Noire. Suite à sa rupture le 18 juillet, le président russe avait alors réitéré son engagement de livraison au sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, le 27 juillet : «Dans trois mois, nous serons prêts à envoyer à titre gratuit au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Erythrée 25 à 50 000 tonnes de céréales.»