Le bilan des attaques des villages de l'État du Plateau, dans le centre du Nigeria, durant le week-end de Noël, s'est alourdi le 27 décembre à près de 200 morts, au moment où les victimes commencent à être enterrées, ont indiqué les autorités locales. L'identité des assaillants n'est pas connue pour le moment, dans cette région en proie depuis plusieurs années à des tensions religieuses et ethniques.
Le président du conseil du gouvernement de Bokkos, Monday Kassah, a déclaré avoir dénombré «148 villageois de Bokkos massacrés de sang-froid» lors de sa rencontre avec le vice-président du Nigeria, Kashim Shettima, auxquels s'ajoutent «au moins 50 personnes tuées» dans quatre villages de la circonscription voisine de Barkin Ladi, selon Dickson Chollom, un élu de l'assemblée locale, le 27 décembre. Le précédent bilan faisait état de 163 morts.
Des attaques «bien coordonnées»
«Nous vous demandons de résister à la tentation de succomber aux divisions ou à la rhétorique empoisonnée de haine envers vos concitoyens, alors que nous recherchons la justice pour assurer votre sécurité», a déclaré le 27 décembre Kashim Shettima devant les autorités locales et des déplacés.
«Pas moins de 20 villages» ont été attaqués entre le 23 décembre au soir et le 25 décembre au matin, a précisé Monday Kassah à l'AFP le 26 décembre, soulignant que «les attaques étaient bien coordonnées». Il y a pour l'heure «500 blessés et des milliers de déplacés», a-t-il déclaré.
Un grand nombre de victimes ont été enterrées le 26 décembre, «150 personnes», a indiqué à l'AFP Timothy Nuwan, vice-président de l'Eglise du Christ dans les Nations (COCIN). «Il y a beaucoup de gens qui ont été tués, abattus comme des animaux, de sang-froid, certains étaient dans leurs maisons, d'autres étaient même à l'extérieur. Aujourd'hui, nous avons enterré environ 150 (personnes, ndlr) dans toute la zone», explique-t-il.
«Nous étions débordés»
Le major-général Abdussalami E. Abubakar, qui a assisté à l'un des enterrements dans une fosse commune au village de Maiyanga à Bokkos, est revenu sur les difficultés qu'ont rencontrées les forces de sécurité lors des attaques. «Jusqu'à 4h du matin, il y a eu 36 appels différents [la veille de Noël]. Nous étions débordés. Et cela aurait pu être pire, bien pire», a expliqué le major-général aux habitants du village.
Le 26 décembre, le président nigérian Bola Tinubu a ordonné «aux agences de sécurité d'intervenir immédiatement, de parcourir chaque parcelle de la zone et d'appréhender les coupables», après avoir condamné «fermement les attaques», a déclaré la présidence dans un communiqué.
Le gouverneur de l'État du Plateau, Caleb Mutfwang, a également appelé «à des efforts unis pour identifier et appréhender les responsables de ces actes odieux» dans un document officiel le même jour.
Un pays en proie à une grave crise sécuritaire
Les populations des régions du nord-ouest et du centre du Nigeria vivent dans la terreur des attaques des groupes djihadistes et des bandes criminelles qui pillent les villages et tuent ou enlèvent leurs habitants.
Depuis des années, une âpre compétition fait rage également entre éleveurs et agriculteurs sur ce territoire, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail.
Aggravées par le changement climatique et l'explosion démographique dans ce pays de 215 millions d'habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire, entre attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés, mais aussi humanitaire.
Le président Tinubu, qui a pris ses fonctions en mai dernier, a fait de la lutte contre l'insécurité l'une des priorités de son mandat.