Alors que l'on apprend que la France vient d'ouvrir une enquête préliminaire pour crime contre Bachar el-Assad pour de possible exactions commises entre 2011 et 2013, Karim Pakzad de l'IRIS explique à RT les enjeux qui sous-tendent cette décision.
RT France: Est-ce que selon vous cette enquête préliminaire ouverte en France visant Bachar el-Assad pour crime contre l'humanité est due au hasard du calendrier judiciaire ?
Karim Pakzad: Non, ce n'est pas un hasard du tout, elle sert au contraire à envoyer un message, notamment aux Russes et aux Iraniens, qu'il est inacceptable pour les Occidentaux de tolérer dans la durée la présence de Bachar el Assad à la tête de la Syrie. C'est bien la personne même de Bachar el-Assad qui est ici visée. Cela complique évidemment les négociations et les prises de contact. Car d'un côté, on accepte de discuter avec M. Assad sans accepter pour autant qu'il reste mais en même temps on demande maintenant qu'il réponde de ses crimes devant la justice...
Nous sommes dans un jeu compliqué où chacun avance ses pions pour parvenir à ce qui sera le minimum acceptable pour toutes les parties en présence.
RT France: Mais pourquoi la France après avoir laissé entendre qu'elle ne faisait plus du départ d'Assad un préalable à la résolution de la crise syrienne vient de durcir le ton devant l'Assemblée générale de l'ONU ?
Karim Pakzad: Mais tout simplement parce qu'entre-temps la Russie a pris des initiatives avec notamment le discours de Vladimir Poutine devant l'AGNU dans lequel il s'est montré intransigeant sur le sort qui pourrait être réservé à Bachar el-Assad poussant ainsi la France à agir. Vladimir Poutine a expliqué très clairement à New-York que pour lui, le président syrien est légitime, ce qui s'oppose à la vison d'autres pays (les Etats-Unis, la France et l'Allemagne) qui estiment eux au contraire que si oui, on peut discuter avec lui, il faut à terme qu'il parte. Le fait que les Occidentaux aient accepté de parler avec Bachar el-Assad, c'était déjà un progrès immense par rapport à leur ancienne position ! La souplesse des occidentaux s'est ici heurtée au durcissement de la Russie sur le sort de la personne de Bachar el-Assad.
RT France: A vous écouter, on a la sensation que le sort de Bachar el-Assad se discute finalement en haut lieu ?
Karim Pakzad: Oui, c'est exactement cela finalement. La position de la Russie s'explique peut-être par le fait que Moscou pense qu'il n'y a personne capable d'assurer la continuité de la Syrie autre que Assad ? Peut-être que les Russes ont peur qu'il n'y ait plus personne pour assurer les intérêts de Moscou dans le pays ? ou peut-être est-ce une manière pour Poutine de montrer qu'il est de retour sur la scène internationale ? Nous sommes dans un jeu compliqué où chacun avance ses pions pour parvenir à ce qui sera le minimum acceptable pour toutes les parties en présence.
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