L’ancien diplomate et professeur britannique William Mallinson a déclaré dans une interview accordée à RT que quel que soit le résultat des élections législatives anticipées grecques d’aujourd’hui, le pays aura besoin de revoter dans quelques mois.
RT : Qu’est-ce qui permet de différencier les positions des deux principaux partis grecs, Syriza et Nouvelle démocratie, sur la politique d’austérité ?
William Mallinson (W.M.) : En ce qui concerne les électeurs, je pense qu’il n’y a qu’une différence mineure entre ces deux partis parce que tous les deux ont montré leur incapacité à adopter des positions, indépendamment de Bruxelles. Et je crois que la majorité de la population le sait et que c’est une désillusion terrible. C’est pourquoi je pense que des partis encore plus extrémistes comme Aube dorée d’une part, et Unité populaire d’autre part, obtiendront plus de voix, ainsi que d’autres petits partis, comme celui de Vassilis Leventis, l’Union des centristes ou EPAM qui veut faire son entrée au parlement.
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Ces partis secondaires voudraient couper le nœud gordien et quitter l’euro. Voilà le contexte, c’est la désillusion totale. Je pense que moins de gens vont aller voter. Je ne vois pas un seul parti qui soit en mesure de former un gouvernement et c’est pourquoi il pourrait même y avoir d’autres élections dans deux ou trois mois. Elles pourraient même provoquer un virage à 180 degrés lorsque tout le monde aura réalisé, ce que beaucoup ont déjà reconnu, y compris Bruxelles et le FMI, à savoir que le niveau de la dette grecque n’est pas supportable et qu’une année supplémentaire de ce traitement pourrait être le dernier clou planté dans le cercueil des Grecs car il n’y a plus grand-chose à négocier. Je crois que tous ces problèmes vont perdurer encore plusieurs mois quels que soient les résultats des élections. Et c’est alors qu’on coupera le nœud gordien.
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RT : En ce qui concerne la dette, le peuple pourrait-il définir lui-même la politique à mettre en œuvre pour la rembourser ?
W.M. : Le peuple a fait son choix, mais il a été trahi par la suite. Plus de 60% des Grecs ont voté contre [les mesures d’austérité] mais ensuite, Tsipras a cédé. C’est un fait connu que ceux qui menacent ont peur, cela signifie donc que Bruxelles avait peur. Cela ressemble à une partie de poker, à un high low poker. Il y a une menace et une contre menace et il ne reste pas beaucoup de marge pour négocier. La majorité des dettes sont considérées comme odieuses, non seulement en Grèce mais à l’étranger aussi par toute une série de personnalités rationnelles comme Dominique Strauss-Kahn, au moins pour ce qui est de son intellect.
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C’est de l’usure et on se demande comment contrôler les choses qui sont allées trop loin. C’est trop néo-libéral, et les gens réagissent à cela progressivement. Les Grecs ouvrent lentement les yeux. Cela va se traduire par le fait que les petits partis vont recueillir plus de voix et c’est ce que les analystes politiques devront surveiller car c’est un signal pour les prochaines élections.
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