Boaz Bismuth, journaliste du quotidien israélien Israel Today, a décrypté pour RT France la position d’Israël sur l’accord concernant le nucléaire iranien, conclu il y a deux semaines à Vienne après 20 mois de négociations.
RT : A quel point les relations américano-israéliennes peuvent-elles se détériorer à cause de l’accord sur le nucléaire iranien ?
Boaz Bismuth (B.B.) : Je crois que Jérusalem est très déçu par la façon dont les Etats-Unis ont conduit ces négociations avec les Iraniens. Ce n’est pas un secret qu’Israël a toujours lutté contre la conclusion de cet accord. Quand ces négociations ont été relancées par le gouvernement Obama à Genève, en octobre 2009, Jérusalem a eu l’impression que les Américains étaient très enthousiastes quant à la conclusion d’un accord. Mais pour les Israéliens, c’est le plus mauvais accord possible car ils estiment qu’on aurait pu en obtenir un bien meilleur. C’est pour cela qu’ils ont décidé de lutter contre cet accord. De plus, n’oublions pas qu’ils espèrent utiliser le Congrès pour faire pression sur l’administration Obama, et c’est ça la raison de la crise.
Pepe Escobar : il reste au Congrès américain de valider l’accord, sous la pression d’#Israël >>http://t.co/fkyO38xz3Hpic.twitter.com/uRi8staANj
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RT : Pour quelles raisons les tensions sont-elles tellement exacerbées aujourd’hui entre Tel Aviv et Washington ?
B.B. : C‘est une très bonne question, que nos amis américains nous posent maintenant en disant «imaginons-nous que vous ayez empêché la signature de cet accord ou que vous ayez empêché le Congrès de l’accepter». Par ailleurs, vous devez savoir qu’il y a toute une procédure de ratification de l’accord par le Congrès. Et on ne sait pas encore si les Européens, les Russes et les Chinois vont à leur tour adopter cet accord. C’est déjà une partie du problème. En parallèle, l’Etat hébreu dit maintenant que c’est une «mission», un «devoir» du gouvernement israélien de lutter contre un mauvais accord. A ses yeux, dans une quinzaine d’années l’Iran sera traité comme un Etat normal et pourra acquérir les moyens de créer une bombe nucléaire très facilement. Ce qui fait vraiment enrager Israël, c’est qu’on peut être un Etat qui promeut le terrorisme, un Etat qui soutient la terreur et le chaos au Liban, au Yémen et être accepté par la communauté internationale.
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RT : Selon de récentes informations, les Etats-Unis pourraient libérer le fameux espion israélien Jonathan Pollard, condamné à perpétuité et qui a déjà passé 30 ans en prison. Est-ce que cela aurait un effet édulcorant sur l’attitude d’Israël ?
B.B. : Bien sûr, dans les journaux, une connexion entre ces deux évènements a été établie. On a dit que ce serait un «bonbon» à donner à Israël après la conclusion de l’accord. Bien sûr, pour les Israéliens, il n’y a aucune relation entre ces situations. N’oublions pas que le 21 novembre 2015, cela fera 30 ans que Jonathan Pollard est en prison. Il a payé le prix fort pour avoir transmis des informations à Israël et il est grand temps pour lui de sortir de prison. Pour les Israéliens, il ne s’agit pas d’un cadeau que les Américains leur font, mais de quelque chose de tout à fait logique. On ne pourra pas édulcorer l’accord iranien par n’importe quel moyen et je crois qu’avant que le Congrès ne tranche, l’affrontement américano-israélien continuera. Mais regardons l’histoire : en 1948, les Américains ne voulaient pas qu’Israël proclame son indépendance ; rappelez-vous les frappes par Jérusalem de l’installation nucléaire irakienne en 1981. Je peux nommer plusieurs situations où Israël et les Etats-Unis ne voyaient pas le problème de la même façon, et nous sommes à nouveau dans une telle situation.
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