Jean-Noël Falcou, le conseiller municipal de Vallauris, qui a lancé en ligne une pétition contre la clôture de la plage publique par le roi d'Arabie saoudite, a expliqué dans une interview à RT le désaccord de la population avec l’Etat français.
RT France : Pourquoi avez-vous lancé cette pétition?
Jean-Noël Falcou (JNF.) : On a lancé la pétition à la vue de la grosse mobilisation des habitants qui étaient exaspérés, et étaient vraiment en colère contre la décision de l’Etat français de permettre l’accaparement de la plage publique au bénéfice de la seule famille royale d’Arabie saoudite. Mais d’abord la première chose que nous avons fait, c’est de contacter les services de l’Etat, ensuite quand on a vu que la décision était prise, j’ai écrit au ministre, j’ai écrit au président, au préfet, et on n’a obtenu aucune réponse, c’est pour ça qu’on a lancé la pétition, pour montrer à l’Etat français que la population était très mobilisée sur cette question et en désaccord unanime avec la décision de l’Etat.
La #justice française confirme la privatisation d'une #plage pour le #roi soudien http://t.co/U06zzOKlcSpic.twitter.com/BTUOfkaZbJ
— RT France (@RTenfrancais) 19 Juillet 2015
RT France : Vous n’avez reçu aucune réponse de la part des autorités suite à vos courriers ?
JNF. : Non, pour l’instant aucune. La seule réponse qu’on a eu, c’est quand les riverains m’ont appelé le samedi matin en disant qu’il y a une dalle de béton qui est en train d’être construite à même la plage. Le même jour j’y suis allé et j’ai contacté les services de l’Etat qui s’occupent du domaine public .Et dès le mercredi, ils m’ont dit qu’ils étaient en train de mettre un portail, et tout ça, sans aucune autorisation. Là, j’ai, à nouveau, contacté les services de l’Etat, et on a eu la première réaction, ils sont venus sur la plage et ont empêché la pose de la grille. Ils sont venus avec la police nationale et ont entendu le chef de chantier. Cela constitue la seule réponse de l’Etat reçue jusqu’à présent. A la suite de cela, il y a eu des déclarations du préfet qui a expliqué qu’il y avait un accord qui était en passe d’être signé entre l’Etat français et l’état saoudien pour permettre l’accaparement de cette plage.
Après quoi j’ai écrit au président de la république, aux ministres et au sous-préfet pour leur demander de revenir sur cette décision pour deux raison principales, dont la première consiste à ce que dans le droit français, le domaine public maritime est un bien commun inaliénable. C’est vraiment quelque chose qui doit bénéficier à tout le monde au même titre que certaines grandes œuvres culturelles ou architecturales et personne n’a le droit de se les approprier. Et la seconde raison, c’est que l’Etat français ne donne pas l’impression qu’il y a une loi pour les riches et une loi pour les autres, il doit y avoir une égalité des citoyens face à la loi et qui pour nous est gravement remise en cause et qui créé un précédent. On ne voudrait pas que ça se reproduise, on voudrait que la situation soit régularisée rapidement.
Nous sommes une petite ville, il y a 30 000 d’habitants et en moins de trois jours il y a plus de 3 000 signatures à la pétition. Cela montre bien que c’est un mouvement important.
RT France : Mais d’après le communiqué officiel c’est pour des raisons de sécurité qu’ils veulent barrer la plage pour que le roi, qui a acheté le terrain soit en sécurité. Quelle est votre opinion ?
JNF. : Le roi n’a pas acheté la plage ni la mer parce que c’est complétement interdit en France. Il a acheté juste la propriété qui est juste au-dessus de la plage, ainsi, dans sa propriété, en effet, il peut faire tout ce qu’il veut. Mais en aucun cas il ne peut s’accaparer la plage. La plage ne lui appartient pas, elle appartient à tous les citoyens français.
Et quant à la sécurité, c’est un argument qui a été avancé un peu tard mais qui pour nous ne convainc pas pour plusieurs raisons. Cela fait 40 ans que la famille royale saoudienne vient à Vallauris-Golfe-Juan, et ils ont d’autres propriétés bien mieux protégées que celle-ci. Mais il est à noter que là, les travaux qu’ils font sur le domaine public, c’est de mettre un ascenseur et un escalier, pour avoir un accès direct entre l’extérieur et l’intérieur de la villa. Ainsi s’il y avait un problème de sécurité, ce n’est pas la bonne décision à prendre. C’est plus pour leur bon plaisir qu’ils font ça, pour passer un bon séjour, et pas du tout pour des raisons de sécurité. En même temps, ces raisons de sécurité n’excusent pas le fait de s’asseoir sur le Droit français. Rien ne se justifie qu’on s’asseye sur le Droit français.
#France, la privatisation d'une plage par le roi d'#Arabiesaoudite fait des vagues >> http://t.co/R4Yv6Cg2D1pic.twitter.com/Zv2ssYhKro
— RT France (@RTenfrancais) 16 Juillet 2015
RT France : Et que pensez-vous pouvoir obtenir avec cette pétition, est-ce qu’elle peut changer quelque chose ?
JNF. : On l’espère, on se rend bien compte que cela va être difficile mais on espère. On a déjà obtenu des avancées, le préfet a dit s’engager à détruire la dalle quand le roi partira. On a aussi réussi à faire en sorte que le portail ne soit pas posé, ainsi, il n’y aura pas de portail ou de grille qui interdira l’accès. Et après on espère que ça nous permettra d’être entendus. Si on n’est pas entendus, on attend au moins de cette pétition que l’Etat français prenne des engagements forts pour que ça ne reproduise plus jamais.
Là, ils ont créé un précédent, ce n’était jamais arrivé en France qu’il y ait un accaparement du domaine public. On veut que l’Etat français s’engage à dire que cela ne reproduira plus en ce qui concerne les biens communs publics, que ce soit une plage, un endroit ou un bien culturel.
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