Alors que la France a officiellement exclus de recevoir Julian Assange sur ses terres, Lucie Morillon, de Reporters sans Frontières, se dit déçue du traitement infligé au lanceur d'alerte, qui travaille pourtant au nom de l'intérêt général
Par le biais d'un communiqué très sec, l'Elysée a refusé l'asile au lanceur d'alerte mondialement connu, Julian Assange. Celui qui a révélé le scandale des exactions de l'armée américaine en Irak restera donc reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres. Lucie Morillon est directrice des programes à Reporters sans Frontières. Elle, qui a rendu visite à Julian Assange, regrette une telle décision.
RT: Comment avez-vous réagi à la fin de non-recevoir que l'Elysée a adressée à Julian Assange ?
Lucie Morillon: Sur le fond déjà, je suis terriblement déçue qu'un lanceur d'alerte, comme Julian Assange, qui fait un travail d'intérêt général pour informer le grand public ne puisse pas recevoir l'asile en France. Sur la forme, ensuite, ce communiqué unilatéral et rapide pose question. On aurait aimé que le cas Assange, complexe, soit plus longuement examiné par l'exécutif français.
Donc en France on se lève pour défendre les #Guignols mais pas Julien #Assange.
— pascale robert-diard (@robert_diard) 3 Juillet 2015
RT: La France dit que Julian Assange n'encourt pas un danger immédiat qui nécessiterait son accueil ?
Lucie Morillon: La première chose c'est que pour lui avoir rendu visite, je peux vous dire que les conditions dans lesquelles vit Julian Assange sont loin d'être enviables. Il est reclus dans une petite pièce, à l'ambassade d'Equateur, qui est loin d'être la plus luxueuse de Londres, c'est un drôle de traitement pour un homme qui a rendu de grands services à l'information. Et puis, lorsque l'on voit la chasse aux sorcières que mène l'administration Obama aux lanceurs d'alerte qui oseraient divulguer des informations confidentielles, et les ennuis qui sont faits aux collaborateurs de WikiLeaks, on peut se dire qu'honnêtement Julian Assange est un journaliste a qui besoin d'aide.
RT: Pourqoi selon vous, la France a répondu non ?
Lucie Morillon: Si je ne suis pas dans la tête de François Hollande, on a tout de même l'impression que la rapidité avec laquelle la France s'est empressée de répondre à Julian Assange est tout de même un signal envoyé aux Etats-Unis. Il s'agit sans doute de garder les meilleures relations possibles avec ce pays. D'ailleurs, la réponse sèche adressée à Assange contraste avec la répartie de Paris à Washington lors du scandale des écoutes de la NSA. C'est dommage, car il faut parfois savoir être ferme avec ses amis et ses alliés.
RT: Les Français ont l'air de porter beaucoup d'intérêt au travail de Julian Assange ?
Lucie Morillon: Les Français eux apprécient le travail de ces lanceurs d'alerte qui portent à leur connaissance des informations qui auraient dû rester secrètes, comme les exactions de l'armée américaine en Irak ou les écoutes de nos trois derniers présidents. Les gens veulent savoir. Evidemment, ces révélations sont beaucoup moins confortables pour nos dirigeants. Mais dans un système démocratique, ces Assange, ces Snowden devraient pouvoir être accueillis par la France, qui se veut, ne l'oublions pas, la patrie des Droits de l'Homme! Avec ce refus, le signal envoyé aux lanceurs d'alerte du monde entier n'est pas très bon. Pourtant sans eux, sans leurs documents, le journalisme d'investigation n'existerait pas.
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