Thierry Mariani : un Mistral comme un atout humanitaire

Thierry Mariani : un Mistral comme un atout humanitaire© Stephane Mahe Source: Reuters
Sébastopol à Saint-Nazaire
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L’ancien ministre UMP Thierry Mariani a accordé une interview à RT France quant à sa proposition de revendre les Mistral à l’UE. Il précise que c’est le seul moyen «pour l’Europe d’exister à l’avenir de manière navale et de manière pacifique».

RT France : En quoi consiste précisément votre suggestion de vendre les Mistral à l’Union européenne ?

Thierry Mariani : Le gouvernement français, et je le regrette, a décidé de ne pas livrer les Mistral. C’est-à-dire que sous la pression des autres Etats européens et sous la pression américaine, la France ne respecte pas sa parole dans ce contrat avec la Russie. Je répète, je le regrette. Maintenant, il reste deux problèmes. Le premier, c’est désormais au plan commercial, quel est le montant d’indemnisation auquel la Russie a droit pour le non-respect de ce contrat, cela nos deux gouvernements le négocieront, et puis il reste une question typiquement française, qu’est-ce qu’on va faire de ces deux  bateaux ? Qu’est-ce qu’on va faire de ces deux bateaux qui sont équipés en grande partie pour servir la marine russe ? Qu’est-ce qu’on va faire de ces deux bateaux dont la marine française n’a pas besoin puisqu’elle a déjà des bateaux similaires.

Thierry Mariani : un Mistral comme un atout humanitaire© Stephane Mahe Source: Reuters
Saint-Nazaire

Donc, mon idée est très simple. L’Europe qui passe son temps à faire des normes administratives est un nain en matière d’actions extérieures. L’Europe a l’occasion si elle veut racheter ces bateaux et bien d’abord, de faire en sorte que ce ne soit pas le contribuable français qui paie le coût de la décision dans laquelle nous sommes engagés, à mon grand regret, contre la Russie. Mais surtout l’Europe a la possibilité de se doter, si je puis dire, d’une force humanitaire qui permettrait tantôt d’évacuer les ressortissants européens quand il y a des conflits à l’étranger, tantôt éventuellement d’apporter une aide humanitaire à certains pays, justement en cas d’épidémies ou de confits. Ou alors en ce moment, d’être très présente en Méditerranée pour sauver les vies de tous ces migrants qui essaient de franchir la Méditerranée. Et pourquoi pas pour traiter les demandes d’asile politique à bord. Parce que quand je regarde ce que font certains pays, on sait très bien qu’accepter ces demandeurs d’asile en Europe, ne soyons pas hypocrites, c’est forcément des réfugiés qui resteront en Europe. L’Union européenne peut montrer qu’elle existe vraiment et qu’elle a une ambition : elle peut se doter d’une force humanitaire, elle peut être solidaire de la France qui doit payer un coût financier pour ces sanctions, elle peut aussi équiper les citoyens européens d’une force de rapatriement à l’avenir pour les prochaines crises.

RT France : Mais qui dans ce cas pourrait utiliser ces navires appartenant à l’UE puisqu’elle ne dispose pas de forces militaires ?

Thierry Mariani : Ça, ça reste à définir. Vous savez, l’Europe se rêve d’avoir un rôle politique et ne s’en donne jamais les moyens. Si l’Europe veut s’en donner les moyens, elle a un moyen très rapide à un prix qui pour l’Europe, est tout à fait accessible, et bien de racheter ces bateaux et de faire en sorte que l’Europe puisse exister en cas de crise. Je répète, en cas de crise humanitaire. Aujourd’hui, quand il y a une crise humanitaire, on voit certains pays qui envoient des moyens pour être présents aux côtés des pays en difficultés ou pour évacuer des ressortissants. La France le fait, la Grande-Bretagne le fait mais l’Europe ne le fait jamais. Et l’Europe ne le fait jamais parce qu’elle n’a aucun moyen pour le faire. Voilà, si elle veut montrer qu’elle existe, elle a une occasion.

RT France : Mais qui alors devra payer pour ces navires ? La Commission européenne ou bien un autre organe ?

Thierry Mariani : Ecoutez, l’Europe a un budget. Quand il s’agit d’indemniser des producteurs de pommes en Pologne ou quand il s’agit d’indemniser des producteurs en France qui sont victimes de contre-sanctions imposées à la Russie, l’Europe sait sortir une partie de son budget. Donc, quand on connaît le budget de l’Europe, un milliard et demi, c’est un montant qui est tout à fait accessible.

RT France : On a entendu le vice Premier ministre de la Russie dire qu’ il fallait indemniser la Russie avant de faire quoi que soit avec les Mistral. Alors, pensez-vous qu’il sera possible d’obtenir l’accord de la Russie pour mettre en œuvre votre idée ?

Thierry Mariani : C’est évident qu’avant il faut régler ce problème d’indemnisation de la Russie. La France a signé un contrat et ne le respecte pas, il est normal que le client, qui est la Russie, demande à être indemnisé. Après est-ce qu’il doit être indemnisée à hauteur de 800 millions, 1 milliard ou 1,2 milliard d’euro, les experts le décideront. Mais je pense qu’il faut trouver une solution le plus rapidement possible, ce qui permettra de réutiliser ces bateaux.

En savoir plus : Jean-Pierre Thomas : la décision de couler les Mistral est «inappropriée et totalement idiote»

RT France : Pensez-vous qu’il serait possible de les affecter à l’opération navale en Méditerranée qui vise à limiter les flux migratoires ?

Thierry Mariani : En Méditerranée, l’Europe passe son temps à pleurer en disant que les Etats ne lui donnent pas de moyens. En Méditerranée, l’Europe étale son impuissance parce que ces gens dans les bateaux sont à mon avis, soit condamnés à mourir, soit à arriver illégalement en Europe. C’est aussi la faiblesse d’une Europe qui ne peut pas protéger ses frontières. Donc, je le répète, ou l’Europe se donne les moyens d’exister pour l’avenir, d’exister de manière navale et de manière pacifique… Parce qu’on l’oublie trop souvent, les Mistral ne sont pas des bateaux de combat, ce ne sont pas des porte-avions, ce ne sont pas des croiseurs… Les bateaux Mistral étaient des bateaux de commandement et de soutien. Un Mistral, ça peut être transformé en hôpital, en bateau pour évacuer des populations. Et je pense en plus que ce serait une bonne manière de montrer à tous ceux qui pensaient que ces bateaux étaient avant tout destinés à un usage militaire, qu’on peut certes, en faire un usage militaire, mais qu’on peut aussi en faire un usage humanitaire.

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