La visite du Premier ministre grec Alexis Tsipras à Moscou a tourné une nouvelle page dans les relations russo-grecques, défiant l’approche néocoloniale de l’UE envers la Grèce, des commentateurs locaux ont signalé.
Le Premier ministre grec n’avait pas l’intention de demander de l’argent, il voulait juste renforcer les liens entre les deux pays. Alexis Tsipras essaie quelque chose de différent du gouvernement précédent, a souligné le journaliste et le réalisateur grec Aris Chatzistefanou à RT.
«Le Premier ministre précédant Antonis Samaras a été le premier dirigeant depuis des décennies à s’abstenir de toute visite à Moscou et rencontres officielles à haut niveau avec la Russie… Probablement, cela est dû au fait que Berlin et Bruxelles ont imposé leur approche néocoloniale à la Grèce», a-t-il dit, notant que la Grèce se sentait «coincée» par la politique extérieure de l’Union européenne (UE).
Pour la première fois depuis des décennies, le gouvernement grec «essaie de faire quelque chose de différent», et notamment de trouver des partenaires économiques et énergétiques à l'extérieur de l’UE, a indiqué Aris Chatzistefanou.
«C’est une nouvelle page dans les relations russo-grecques», a-t-il ajouté.
Alexis Tsipras est arrivé à Moscou sans l’intention de demander de l’argent à la Russie, selon Chatzistefanou qui a cité des commentateurs grecs expliquant que l’achat d’obligations n’est pas le seul levier d’aide économique.
«En fin de compte, c’est plutôt un problème politique, pas économique», a-t-il conclu.
Il est peu probable que la visite fasse changer l’UE d’avis sur les sanctions contre la Russie mais elle pourrait suffire à créer un effet domino, a déclaré Chatzistefanou.
«D’autres pays comme le Portugal, l’Espagne ou même la Hongrie et la République Tchèque ne sont pas d’accord avec les sanctions. Même à Berlin, il y a des représentants de l’élite politique qui voudraient réamorcer un rapprochement avec la Russie», a précisé Aris Chatzistefanou. «La Grèce pourrait devenir un pont en proposant une solution différente», a-t-il remarqué.
Entretemps, les aspects financiers de la visite de Tsipras sont tous positifs à moyen terme, si l’on en croit l’économiste et l’avocat en droit international Nick Skrekas invité par RT, qui a ajouté que le peuple grec et les caisses du gouvernement ne verront pas beaucoup de différences à court terme.
«Je ne pense pas qu’il [Tsipras] ait jamais eu l’intention de demander de l’argent à la Russie», a souligné Skrekas. «La Russie elle-même est sous pression actuellement».
Il a aussi souligné que le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a la confiance du peuple grec. «En fait, le gouvernement peut compter sur la confiance du peuple grec, la plupart des sondages montrant que les Grecs approuvent la façon dont le gouvernement fait face aux problèmes».
En savoir plus : la Russie se prépare à lever l’embargo sur les produits alimentaires grecs
Ces commentaires ont vu le jour après que le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont tourné en dérision les négociations entre Alexis Tsipras et Vladimir Poutine comme «spectacle de foire» et farce politique, tout du moins si l’on en croit les interprétations populaires de leur intervention conjointe dans les médias occidentaux.
Plus tôt cette semaine, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble aurait dit à Yanis Varoufakis qu’il «a perdu la confiance du gouvernement allemand», selon le ministre grec. Varoufakis lui aurait répondu : «Je ne l'ai jamais eue. J’ai la confiance du peuple grec ».
De toute évidence, la visite du Premier ministre grec est saluée dans son pays, avec notamment l'espoir exprimé par Skrekas qu'elle pourrait aider à résoudre les problèmes d’approvisionnement pétrolier et gazier dans la partie grecque de Chypre.
#Russie/#Grèce - Le Premier ministre grec Alexis #Tsipras aux côtés du président russe Vladimir #Poutine à #Moscoupic.twitter.com/5WATvSnJSc
— Neworldnews (@Neworldnews) 8 Avril 2015
La visite grecque en Russie a renforcé les relations entre les deux pays. «D’un point de vue géostratégique, cela a du sens. La Russie était un allié de longue date de la Grèce. Historiquement, nous avons de très bons liens. Nous sommes deux nations orthodoxes, nous partageons beaucoup en termes de culture et d’idées», a-t-il ajouté.
La Grèce, cependant, n’est pas en mesure de faire revenir l’UE en arrière sur les sanctions, Skrekas a admis.
«Ce sont avant tout les agriculteurs grecs, notamment ceux du nord de la Grèce, qui paient pour tout cela», a-t-il souligné.
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.