Les USA et la Turquie sont d’accord pour soutenir les rebelles syriens contre l’Etat islamique
Après des mois de négociations, les Etats-Unis et la Turquie se sont mis d’accord pour équiper les rebelles syriens modérés dans leur lutte contre les combattants de l’Etat islamique (EI).
Dans le cadre de ce plan, les Etats-Unis enverront plus de 400 soldats en Turquie, y compris des forces appelées à participer à des opérations spéciales. Ankara accueillera les rebelles dans des bases d'entraînement.
Les hauts fonctionnaires américains ont dit à l’agence Reuters que le programme durerait trois ans et que jusqu’à 5 000 rebelles seraient formés chaque année.
En plus de la Turquie, la Jordanie, le Qatar et l’Arabie Saoudite apporteront également leur contribution. Signé jeudi, ce programme pourrait déjà commencer au mois de mars.
«L’accord a été signé par le sous-secrétaire turc aux Affaires étrangères et l’ambassadeur américain en Turquie», a confié à Reuters un fonctionnaire américain.
Le sous-secrétaire turc aux Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu a qualifié l’accord de «peu important» dans le partenariat entre Ankara et Washington, comme rapporte l’agence Associated Press.
Le cœur du plan repose sur la capacité des Etats-Unis à identifier avec succès ce qu'ils définissent comme «l’opposition modérée» en Syrie. Bien que le Congrès a approuvé à une écrasante majorité la stratégie «entraîner et équiper» en décembre, les groupes que les Etats-Unis et leurs alliés souhaitent armer ne sont pas encore clairement définis. Quelques groupes intéressants dans le passé se sont avérés encore plus radicaux qu’on ne le pensait initialement tandis que d’autres sont tout aussi intéressés à combattre le président syrien Bachar al-Assad que l’Etat islamique.
Selon Tom Bowman, le journaliste de la National Public Radio, les Etats-Unis ont l’intention de mener des enquêtes approfondies pour identifier les groupes rebelles qu’ils soutiendront.
«Les rebelles seront analysés et observés selon des protocoles confidentiels. Cela comprend des données biométriques (un balayage de la rétine, des empreintes digitales, etc.) pour s’assurer qu’ils n’apparaissent pas dans les bases de données criminelles», a-t-il précisé. «De plus, un ou deux anciens du village auront besoin de se porter garant. Ils quitteront les camps de réfugiés et les dirigeants rebelles syriens s’occuperont d’eux».
Les négociations entre les Etats-Unis et la Turquie sur ce sujet furent difficiles car Ankara insistait pour que les efforts de lutte contre l’EI atteignent aussi le gouvernement d’al-Assad en Syrie, suggérant qu'une fois entraînés, les rebelles peuvent cibler le président syrien. Pour le moment, les Etats-Unis ont évité de s’impliquer directement dans la guerre civile en Syrie mais on redoute que des forces qu’ils entraînent et qui ont juré la perte de Bachar al-Assad ne les fassent plonger dans le conflit.
L’annonce de cet accord entre les Etats-Unis et la Turquie intervient au lendemain de la publication par le Wall Street Journal d’un article affirmant que les Etats-Unis avaient l’intention de fournir aux rebelles syriens modérés la capacité de demander un appui aérien contre les troupes de l’EI. Un autre point de la stratégie «entraîner et équiper» pout fournir également des pickups et des armes aux rebelles.
Reste que ce plan suscite nombre d’interrogations. Que se passera-t-il si les rebelles demandent des raids aériens contre les forces d’al-Assad et pas celles de l’EI ? Les hauts fonctionnaires ont dit au Wall Street Journal qu’ils débattaient d'un scénario où les rebelles soutenus par les Etats-Unis seraient engagés contre les forces syriennes, mais que pour le moment cette idée n’avait pas été approuvée.
Les responsables militaires ont aussi reconnu que le contrôle du comportement des rebelles lorsqu’ils seront sur le champ de bataille sera difficile.