Grande-Bretagne : les grèves de la faim dans les centres de rétention se poursuivent
Des centaines de personnes détenues dans des centres de rétention migratoires en Grande Bretagne ont organisé des grèves de la faim massives afin d’obtenir une amélioration de leurs conditions de vie et un accès à l’assistance juridique.
Un mouvement de grève de la faim prend de l’ampleur dans les centres d’immigration britanniques, unissant des centaines de détenus. Les immigrés sont en colère : détenus pour une durée indéterminée (des mois voire des années selon certains rapports), ils ont de la chance lorsqu'ils ne sont pas maltraités. RT a réussi à contacter des détenus et leur a demandé ce qu'était leur vie au quotidien : conditions de vie carcérales, traitements inhumains, leurs griefs sont nombreux...
Abdal Mohammed, qui a passé plus de six ans au centre de rétention de Harmondsworth à Londres, a partagé son expérience dans une interview exclusive.
«C’était une expérience assez horrible. C’est quelque chose qui me suit chaque jour, j’ai régulièrement des flashbacks, des cauchemars, des attaques de panique qui me poursuivent dans la vie quotidienne», a-t-il indiqué. «J’ai vu des gens se pendre, se mutiler, se taillader tous les jours, j’ai vu un de mes compatriotes se pendre à l’âge de 19 ans, j’ai vu des passages à tabac, j’ai vu des détenus forcés à faire des choses vraiment humiliantes», a-t-il ajouté.
A Harmondsworth, le plus grand centre de rétention d’Europe, presque la moitié des détenus sont en grève de la faim. Comme explique la correspondante de RT Laura Smith, la principale différence entre ce centre et la prison est que les personnes détenues ici le sont pour une durée indéterminée, jusqu’à ce que le Bureau de l’Intérieur décide si l'individu mérite de rester dans le pays.
«Les immigrés s’y sentent vraiment comme des prisonniers», a signalé l'avocat Lewis Kett qui donne des consultations aux détenus. «Ce sont des gens ordinaires qui veulent être traités comme tels. Je crois qu’ils ont besoin de plus de liberté», a-t-il déclaré.
Les détenus doivent savoir qu'ils ont droit à une assistance juridique, estime Kett, soulignant que c'est loin d'être toujours le cas. La plus grande difficulté, selon lui, consiste à prouver les allégations du demandeur d’asile qui aurait été torturé ou soumis à d'autres traitements dégradants dans son pays d'origine, surtout lorsque le temps est compté dans le cadre d'une procédure d'asile accélérée en rétention dite «fast track».
Les détenus, à présent, sont déterminés à faire entendre leur voix et attendent une réponse du gouvernement britannique.