Des enregistrements audio dévoileraient le chantage de Biden à Kiev pour écarter un procureur

Des enregistrements audio dévoileraient le chantage de Biden à Kiev pour écarter un procureur© Gleb Garanich Source: AFP
L'ancien vice-président américain Joe Biden et l'ancien président ukrainien Petro Porochenko à Kiev, le 16 janvier 2017.
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L'ex-vice-président américain Biden a-t-il conditionné une aide d'un milliard de dollars à Kiev au renvoi du procureur ukrainien Chokine qui enquêtait sur une affaire de corruption impliquant son fils ? C'est ce que prouveraient des enregistrements.

Déjà minée par les difficultés, la campagne de Joe Biden vient de voir ressurgir un fantôme qui a de quoi effrayer l'ancien vice-président américain : Andreï Derkatch, un député indépendant ukrainien, a publié une série d'enregistrements audios qui viendraient appuyer l'idée selon laquelle Joe Biden a fait pression en 2016 sur le président ukrainien Petro Porochenko de l'époque, afin qu'il démette de ses fonctions le procureur général Viktor Chokine. Ce dernier supervisait à l'époque une vaste enquête sur la corruption touchant l'entreprise gazière Burisma Holdings, qui avait embauché quelques mois auparavant Hunter Biden, le fils de Joe Biden.

Si le conditionnel est d'usage, c'est que personne n'a confirmé l'authenticité de ces enregistrements, sur lesquels on entend les conversations attribuées à Petro Porochenko et Joe Biden, mais aussi John Kerry. Toutefois, il est important de souligner que personne – et notamment aucun des protagonistes – n'a pour l'heure contesté leur authenticité. Plus encore, tant Joe Biden, via son équipe de campagne, que Petro Porochenko ont implicitement reconnu leur véracité. Le député ukrainien Andreï Derkatch affirme les avoir reçus des mains d'un journaliste d'investigation, selon qui ils auraient été enregistrés par Petro Porochenko lui-même.

Ces enregistrements dévoilent une Ukraine de l'après-Maïdan soucieuse de s'attirer les bonnes grâces des Etats-Unis. Ils montrent surtout l'incohérence de la politique du gouvernement Obama qui a soutenu cette «révolution» pour mettre fin à la corruption endémique en Ukraine... mais se serait empressé de procéder à des pratiques plus que douteuses une fois le nouveau gouvernement en place.

Auteur: NABU Leaks

Maintenant qu'un nouveau procureur général est en place, nous sommes prêts à aller de l'avant et à signer cette garantie de prêt d'un milliard de dollars

Au cœur du scandale, trônent ainsi Joe Biden et son implication dans le départ précipité de Viktor Chokine. L'ancien vice-président américain aurait conditionné une aide américaine d'un milliard de dollars à l'Ukraine au départ du procureur général de ce pays. «S'il y a un nouveau gouvernement et un nouveau procureur général, je suis prêt à faire une signature publique de notre engagement [à payer] le milliard de dollars», peut-on entendre confier à Petro Porochenko celui qui serait Joe Biden dans une conversation datée du 22 mars 2016. «Je ne suggère pas que c'est ce que vous voulez ou ne voulez pas. Je suggère simplement que c'est ce que nous sommes prêts à faire», poursuit-il, dans ce qui semble être une tentative pour le moins maladroite de se couvrir.

A en croire l'enregistrement, le message a été bien reçu par Petro Porochenko qui fait part de sa «motivation extrêmement forte» pour faire ce que l'administration Obama lui demandait, glissant le nom de Iouri Loutsenko comme éventuel remplaçant de Viktor Chokine, et cherchant à savoir si celui-ci disposait bien des faveurs de Joe Biden. Quelques jours plus tard, Iouri Loutsenko était effectivement nommé procureur général. Dans une conversation datée du 13 mai, l'individu présenté comme étant Joe Biden s'est alors dit prêt à honorer sa part du marché : «Je suis un homme de parole, et maintenant qu'un nouveau procureur général est en place, nous sommes prêts à aller de l'avant et à signer cette garantie de prêt d'un milliard de dollars.»

Chantage pour couvrir son fils Hunter Biden ?

L'implication de Joe Biden dans la démission contrainte de Viktor Chokine est un secret de polichinelle. Et pour cause : l'ancien vice-président s'en est vanté publiquement. «Je leur ai dit : "Vous n'aurez pas le milliard [...] Je pars dans six heures, si le procureur n'est pas viré, vous n'aurez pas l'argent"», avait-il ainsi raconté lors d'une intervention au think tank Council of Foreign Relations début 2018. «Eh bien le fils de p***, il s'est fait virer. Et ils ont mis en place quelqu'un qui était solide à l'époque», s'était-il également félicité à cette occasion.

Illégal en lui-même, ce chantage interpelle d'autant plus que Viktor Chokine menait une enquête sur une vaste affaire de corruption relative à la société de gaz naturel Burisma Holdings. Or en 2014, dans la foulée de Maïdan, le fils du vice-président, Hunter Biden, a été nommé au conseil d'administration de Burisma Holdings. Le moment où cette nomination est intervenue autant que les compétences de Hunter Biden pour ce poste auraient donc dû être scrutés attentivement par le procureur général ukrainien. Pour Viktor Chokine, il ne fait aucun doute que Joe Biden a joué de son pouvoir pour, in fine, interrompre cette enquête. L'ancien procureur général a d'ailleurs déposé plainte en janvier dernier contre l'ancien vice-président américain pour «ingérence dans les activités d'un représentant de la loi».

Avec la publication de ces enregistrements, la pression monte encore d'un cran sur le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine. Pour s'atteler à la délicate tâche de défendre ce qui pourrait s'avérer indéfendable à la vue des éléments qui se font jour, l'équipe de campagne de Joe Biden s'est appuyée sur une stratégie élimée depuis trois ans par le camp démocrate : mettre en cause la Russie. Dans les colonnes du Washington Post, l'équipe de campagne du candidat a ainsi jugé que la publication de ces enregistrements constituait «la poursuite des efforts russes» pour «s'attaquer à l'ancien vice-président», notant les «liens avec les intérêts russes» d'Andreï Derkatch. Les collaborateurs de Joe Biden ont par ailleurs pointé du doigt RT, coupable à leurs yeux de «promouvoir ces enregistrements», qui ont été, selon eux, «fortement modifiés» afin de travestir la réalité.

En d'autres termes, l'équipe de campagne de Joe Biden, qui ne conteste pas l'authenticité des enregistrements et n'apporte comme de coutume aucune preuve pour étayer sa «thèse russe», reproche simplement à RT de faire un travail journalistique en s'intéressant à une affaire de corruption au sommet de l'Etat américain. A leur décharge, force est de reconnaître que la démarche peut surprendre, les médias outre-atlantique ayant été pour l'heure été bien discrets sur le sujet.

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