Avant l'enfant syrien, ces photos célèbres qui ont retourné l'opinion publique (Images choquantes)
La photo d'un garçon retrouvé mort sur une plage en Turquie bouleverse l'Europe et pourrait faire changer l'opinion publique sur la cause des migrants. Certaines photos ont en tout cas eu cet effet. (Attention, certaines images peuvent choquer).
Des dizaines de journaux en ont fait leur Une. Cette photo, choquante, d'un petit garçon syrien mort sur une plage turque est aujourd'hui commenté partout en Europe, et semble révélé, enfin, le réel visage de ces chiffres auxquels sont souvent réduits les migrants. Surtout, ce photo semble éveiller les consciences. Car les journaux anglais qui se montraient très sévères avec les migrants appellent aujourd'hui, suite à la publication de cette photo, à agir. Ce n'est pas la première fois qu'une photo marquante change l'opinion publique.
Demain, les kiosques du monde entier vont afficher cette image. La force du papier pour changer le monde? pic.twitter.com/3DgAtDfZC2
— Cyril Petit (@CyrilPetit) 2 Septembre 2015
Phan Thi Kim Phuc et l'horreur de la guerre au Vietnam
C'est sans aucun doute l'une des photos les plus célèbres de l'histoire. Elle est prise en 1972 par le photographe américain Nick Ut et montre une petite fille nue, brûlée par du napalm utilisée dans les bombes américaines, fuir les bombardements. Cette photo fera la Une de dizaines de magazines et de journaux dans le monde entier. Surtout, elle va changer l'opinion américaine sur la guerre au Vietnam. Elle illustre en effet l'horreur de cette guerre, que les Américains, alors majoritairement favorable à la guerre, découvrent.
Cette photo de Nick Ut en 1972 a mis fin à la guerre du Vietnam ... pic.twitter.com/zSU0CGYOef
— Laurent Valdiguié (@Valdiguie) 2 Septembre 2015
Après la publication, les manifestations anti-guerre aux États-Unis vont prendre de plus en plus d'ampleur, devenir de plus en plus nombreuses. Trois ans après, les Américains quitteront le Vietnam.
La petite fille et le vautour au Soudan
En 1993, Kevin Carter entre dans l'histoire. Il prend une photo qui va changer les choses. Elle lui vaudra un prix Pulitzer et un suicide. Cette photo, insoutenable, montre un petit garçon - qui a longtemps été pris pour une petite fille - affamé, squelettique, quelques mètres devant un vautour qui semble guetter sa mort. Elle a été prise au Soudan, en pleine guerre civile, et alors que le pays est en proie à la famine, que l'ONU a stoppé son aide humanitaire après que l'aide internationale a été systématiquement détournée.
The most terrible Kevin Carter's photo on AfricanCrisis in 90 has been repeated today w/the same victims #Syria#Sadpic.twitter.com/niJsYNMP08
— Roberto Navarro. (@Roberto_N_) 2 Septembre 2015
Quelques mois après avoir été prise, la photo est publiée en Une du New York Times, et est reprise par pratiquement tous les journaux du monde. L'opinion publique prendra alors conscience de l'horreur de ce qui se déroule au Soudan, les dons abondent, et une opération humanitaire d'envergure au Sahel est engagée. Kevin Carter, très critiqué pour ne pas avoir aidé l'enfant, qui était en réalité à quelques mètres d'un centre d'aide, s'est suicidé en 1994.
Fikret Alić et les «camps de concentration» serbes
En 1992, Penny Marshall, une journaliste anglaise, couvre les événements qui se déroulent en ex-Yougoslavie. Elle filme alors, en Bosnie, les camps de détention serbes. Les images sont terribles, et rappellent les camps de la mort nazi. Sur une photo, publiée par Time Magazine, on voit un homme, Fikret Alić, amaigri, parqué derrière des barbelés. Les images de Penny Marshall, et encore plus la Une du Time, font le tour du monde, et alertent la communauté internationale. Quelques semaines plus tard, l'Otan décidera d'une intervention massive en Serbie.
Every war defined by a photo: from Vietnam, to Bosnia to #Syria. Too much to hope one child can make a difference? pic.twitter.com/djXg9frusi
— Jon Williams (@WilliamsJon) 2 Septembre 2015
La réalité de ce qui a été décrit comme un camp de concentration, mais jamais par les auteurs du reportage, sera pourtant mise en doute. « Il n'y avait pas de fil de fer barbelé sur la grille entourant le camp de Trnopolje. Ce n'était pas une prison, et certainement pas un camp de concentration, mais un camp de transit pour réfugiés (...). Le fil de fer barbelé que l'on peut voir sur les images ne se trouvait pas autour des bosniaques musulmans, mais autour des cameramen et des journalistes.», écrira par exemple un journaliste allemand, Thomas Deichmann. Ce dernier affirme aussi que Fikret Alić n'était pas affamé, mais touché par la tuberculose, ce qui est selon le journaliste confirmé par le meilleur état de santé des hommes sur la photo.
Ed Vulliamy, grand reporter au Guardian, qui accompagnait Penny Marshall, a de son côté toujours affirmé l'authenticité de cette photo, tout comme Fikret Alić.