Spationaute français à Baïkonour : «la terre va trembler …mais c’est normal»
L’équipe de RT, qui a assisté aux préparatifs du voyage du nouvel équipage vers l’ISS, a pu parler aux familles et à la doublure française de l’astronaute danois Andreas Mogensen, juste avant le lancement du vaisseau Soyouz depuis Baïkonour.
Avant le lancement, le trio spatial salue la foule, tout comme Youri Gagarine, depuis la même rampe que celle d’où est parti le tout premier cosmonaute de l’histoire. L’atmosphère est tendue : les familles et les collègues des cosmonautes sont tous venus au cosmodrome pour leur dire au revoir.
«Comment arrives-tu à ne pas pleurer ?» demande l’épouse, en larmes, de Sergueï Volkov à celle du cosmonaute kazakh Aidyn Aimbetov. «Il ne faut pas. La femme de Gagarine n’a pas pleuré», répond l’autre.
La femme du danois Andreas Mogensen n’a pas non plus été en mesure de retenir ses larmes. Mais elle a pu compter sur le soutien du spationaute français Thomas Pesquet, doublure du Danois, qui s’est entraîné à ses côtés pendant trois ans mais qui est resté au sol.
«J’essaierai d’expliquer à la famille tout simplement ce qui se passe», a-t-il déclaré avant le lancement. «Pendant le lancement, la terre va trembler, les sons vont déchirer le ciel, mais tout cela est normal».
Il est vrai que ce lancement est historique : c’est non seulement le 500ème lancement, mais aussi un jour de gloire pour l’astronaute Andreas Mogensen, le premier Danois à voyager dans l’espace. C'est aussi la première mission spatiale d'Aidyn Aimbetov, alors que le russe Sergueï Volkov, lui-même fils de cosmonaute, effectue déjà son troisième vol.
Les cosmonautes sont toutefois autorisés à emporter certains objets personnels. L’astronaute danois a choisi de prendre avec lui des Lego, qui ont été inventés au Danemark, alors que le kazakh s'est muni de la constitution de son pays. Un jouet en forme de cochon accompagne aussi les cosmonautes. Il servira d’indicateur de gravité.
48 heures dans le Soyouz
Comme le spationaute français Thomas Pesquet l’a raconté à RT, le trajet du trio vers l’ISS sera particulièrement éprouvant.
«Chaque centimètre du vaisseau est utilisé pour la charge utile. Nous, quand on est entré pour la première fois dans les scaphandres pour essayer le vaisseau, on avait même du mal à passer, alors qu’eux, ils devront vraiment y vivre pendant deux jours», a-t-il expliqué à l’envoyé spécial de RT.
Avant l’accident du cargo spatial Progrès-M27 en avril dernier, le voyage depuis le cosmodrome jusqu’à l’ISS ne durait que six heures. Mais avec le nouveau schéma d'approche adopté après la catastrophe, il dure désormais 48 heures.
Après avoir pris des notes pendant ce vol de septembre 2015, Thomas Pesquet pourra mettre à profit cette expérience, en novembre 2016, date à laquelle il devrait accomplir sa première mission vers l’ISS. En tant que membre de l’expédition 50, il passera six mois dans l’espace, où il mènera des expériences scientifiques en apesanteur.
Six cosmonautes se trouvent actuellement à bord de l’ISS, dont trois Russes, deux Américains et un Japonais. A l’arrivée des trois cosmonautes qui viennent d’entamer leur voyage vers la station, neuf personnes séjourneront ensemble à bord de l'ISS pendant une semaine, avant une nouvelle rotation d'équipage le 11 septembre, qui marquera la fin de l’expédition 44 et le début de l’expédition 45.