Les Etats-Unis ont exigé de la Norvège l’arrestation et l’extradition d’Edward Snowden
Les médias norvégiens ont révélé que le gouvernement américain avait adressé aux autorités norvégiennes de nombreuses requêtes officielles pour qu’elles arrêtent et extradent le lanceur d’alerte Edward Snowden s’il arrivait dans leur juridiction.
Le ministère norvégien des Affaires étrangères a reçu une première lettre de Washington lorsque l’ancien consultant de la NSA se trouvait dans l’aéroport moscovite de Cheremetievo juste après la publication de ses révélations.
«Nous réclamons que si le citoyen américain Edward J. Snowden essaie d’entrer sur le territoire de la Norvège, le gouvernement norvégien en informe immédiatement l’ambassade américaine et renvoie M. Snowden aux Etats-Unis en lui refusant l’entrée sur son territoire, en le déportant, en l’expulsant ou par tout autre moyen légal», lit-on dans une lettre du gouvernement américain datée du 27 juin 2013 qui a été rendue publique par la chaîne de télévision norvégienne NRK.
USA asked Norway, Sweden, Iceland to arrest Edward Snowden http://t.co/OzEVAQPi2j
— WikiLeaks (@wikileaks) 27 Août 2015
Le même jour, le bureau scandinave du FBI a également envoyé une lettre aux autorités judiciaires norvégiennes, suédoises et finlandaises. Elle décrit Edward Snowden comme un criminel en fuite et les presse de signaler aux représentants américains l’éventuelle réservation d’un vol à destination de leur pays depuis Moscou qu’effectuerait le lanceur d’alerte.
Le 4 juillet 2013, le ministère norvégien des Affaires étrangères a reçu un nouveau message lui demandant d’arrêter et d’extrader Edward Snowden s’il essayait d’arriver dans le pays. «Les Etats-Unis exigent que Snowden soit maintenu en détention si on l’arrête», lit-on dans ce message.
#EdwardSnowden : la Maison Blanche ne pardonne pas http://t.co/EMIQw4dqnbpic.twitter.com/6JyloO3W88
— RT France (@RTenfrancais) 28 Juillet 2015
Le vocable utilisé dans les documents publiés par NRK reflète la façon désespérée dont les Etats-Unis essayaient de conserver les informations que Snowden possèdait.
«L’ambassade demande la saisie de tous les objets acquis. (…) Cela comprend, de manière non exhaustive, tous les ordinateurs, dispositifs de stockage de données électroniques et autres sortes d’appareils électroniques», précise le document.
Pour l’avocat d’Edward Snowden, le plus grave, c’est qu’en raison des demandes pressantes et expéditives des Etats-Unis, Edward Snowden aurait été privé de son droit humanitaire qui, en vertu du droit international, permet à une personne accusée d’un crime politique de déposer une demande d’asile, avant même que la question de son extradition ne soit examinée.
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Les autorités norvégiennes ont pour leur part affirmé qu’elles n’avaient pas cédé à ces pressions mais notifié aux Etats-Unis le fonctionnement des institutions démocratiques de leur pays. «S’ils réclament une extradition, dans un premier temps les autorités compétentes décident de déferrer le cas devant la justice ou non. Ensuite, la justice décidera si les conditions pour l’extradition sont remplies ou non», a expliqué Joran Kallemyr, secrétaire d’Etat du ministère norvégien de la Justice.
La compagnie américaine qui s'est chargée de recruter Snowden condamnée à verser 30 millions $ http://t.co/nclXRp6Ftmpic.twitter.com/xqLMESrwul
— RT France (@RTenfrancais) 21 Août 2015
Mais cette affaire risque de susciter encore bien des remous dans les jours à venir puisqu’Edward Snowden été invité par la Norvège pour recevoir un prix doté de 100 000 couronnes (11 500 €) de l’académie Bjornstjerne Bjornson «pour son travail de protection de la vie privée et pour avoir braqué une lumière critique sur la surveillance américaine de leurs citoyens, ainsi que d’autres».
Selon les informations officielles, l’ex-consultant de la NSA doit se rendre en Norvège pour y recevoir sa récompense le 5 septembre. Mais une fois arrivé, il placera les autorités norvégiennes, qui n’ont rien laissé filtrer de leurs intentions, dans une situation potentiellement embarrassante.
Ce n’est pas la première fois que les pays scandinaves souhaitent honorer le lanceur d’alerte Edward Snowden. En 2014 déjà, la Suède l’avait invité pour recevoir le prix Right Livelihood qui récompense ceux qui améliorent la condition humaine. Mais pour des raisons de sécurité, l’ex-employé de la NSA avait préféré s’exprimer par vidéoconférence plutôt que de venir en personne recevoir son prix à Stockholm.