Syrie : le Kosovo a rapatrié une centaine de proches de djihadistes avec l'aide de Washington

Syrie : le Kosovo a rapatrié une centaine de proches de djihadistes avec l'aide de Washington© Laura Hasani Source: Reuters
Femmes et enfants de combattants de Daesh en Syrie derrière les grilles d'un centre de rétention de Pristina après leur rapatriement au Kosovo le 20 avril 2019.
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Le retrait des forces américaines de Syrie est un véritable casse-tête pour les Occidentaux, les forces kurdes refusant de prendre en charge les djihadistes capturés et leurs familles. Le petit Etat du Kosovo a-t-il été poussé à montrer l'exemple ?

Le Kosovo a annoncé le 20 avril le rapatriement depuis la Syrie de 110 de ses ressortissants, en quasi-totalité des épouses ou des enfants de djihadistes de l'organisation terroriste Daesh – une opération inédite en Europe par son ampleur.

Citées par l'agence Reuters, les autorités kosovares ont précisé que parmi les autres passagers se trouvaient 32 femmes et 74 enfants, dont neuf orphelins. Pour autant, quatre hommes, soupçonnés d'avoir combattu avec Daesh, étaient également dans l'avion qui s'est posé dans la nuit sur l'aéroport de Pristina. Selon le chef du parquet Aleksander Lumezi, ils ont été inculpés le jour même de participation à des conflits à l'étranger.

Dans un premier temps, les civils rapatriés ont été conduits au centre de rétention de Vranidoll, près de Pristina, d'ordinaire réservé aux migrants et gardé par la police, selon des journalistes de l'AFP qui ont pu y voir des enfants jouer au football. Le directeur national de la Santé publique du Kosovo, Naser Ramadani, a annoncé que ces personnes allaient passer des examens médicaux. «Les femmes et les enfants ont subi de graves traumatismes», a-t-il jugé. 

Le Kosovo, à 90% musulman, est en proportion de sa population (1,8 million), le pays européen qui a fourni le plus fort contingent de combattants djihadistes en Irak et en Syrie. Indépendant formellement depuis mars 2008, ce petit Etat à peine plus grand que le département français de la Gironde est en réalité sous la tutelle de l'alliance militaire de l'OTAN, qui poursuit avec constance son extension vers l'Est, et de l'Union européenne, qui fait miroiter à Pristina une hypothétique adhésion à l'ensemble.

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Le Kosovo en façade, les Etats-Unis à la manœuvre

Washington, qui suit de près cette région naguère dans la sphère d'influence de l'URSS et que l'intervention de l'OTAN a fait basculer dans la leur, a salué l'opération de rapatriement du 20 avril. «Les Etats-Unis félicitent le Kosovo. [...] Le Kosovo a donné un exemple important pour tous les autres membres de la Grande coalition visant à vaincre l'Etat islamique», a ainsi déclaré l'ambassade américaine de Pristina dans un communiqué.

Le ministre kosovar de la Justice, Abelard Tahiri, a évoqué pour sa part «une opération importante et sensible [...] avec l'aide des Etats-Unis». Alors que l'agence Reuters a confirmé la présence d'un avion gros porteur arborant le drapeau des Etats-Unis sur le Tarmac de l'aéroport de Pristina, Sean Robertson, porte-parole de l'armée américaine, s'est empressé de tempérer la déclaration du ministre kosovar. «A aucun moment les Etats-Unis n'ont assuré la détention des FTF [Foreign terrorist fighters, combattants terroristes étrangers]», a-t-il assuré.

Selon une estimation retenue par l'AFP, un millier d'islamistes des Balkans sont partis à partir de 2012 pour combattre dans les rangs du Front al-Nosra ou de Daesh. L'Albanie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie sont aussi concernés. Quelque 200 hommes y auraient trouvé la mort, tandis que 300 sont revenus dans les Balkans, souvent pour y être emprisonnés.

La décision de Donald Trump de retirer les forces armées américaines de Syrie en décembre 2018 a plongé les alliés de Washington dans l'embarras. Engagés directement dans les combats contre les islamistes dans le nord du pays avec l'assurance d'un soutien logistique militaire des Etats-Unis, les Kurdes avaient alors ressenti une certaine forme de trahison de la part de Washington. Les Forces démocratiques syriennes, coalition à forte dominante kurde, ont mis les Occidentaux au pied du mur, refusant de prendre en charge leurs ressortissants qui s'étaient rendus en Syrie pour combattre dans les rangs de Daesh. Depuis, le problème des «revenants» donne des maux de têtes aux chancelleries occidentales, et notamment française. D'autant que le président américain, Donald Trump, maintient la pression sur ses alliés européens. En février dernier, le dirigeant les avait exhortés à rapatrier plus de 800 djihadistes. Dans le cas contraire, avait-il prévenu, ces hommes combattants de Daesh pourraient se disséminer en Europe.

Alexandre Keller

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