Saadi Kadhafi menacé d’abus sexuels dans une nouvelle vidéo
Une nouvelle vidéo montrant des miliciens libyens menacer le fils de Mouammar Kadhafi pour le forcer à parler, apparaît deux semaines après celle où l’on avait vu ses gardiens le torturer et le tabasser dans une prison de Tripoli.
D’après Khaled Cherif, le responsable de la prison de al-Hadba, en Libye, où Saadi Kadhafi est détenu, la diffusion de ces vidéos s’est produite parce que le système de vidéosurveillance a été piraté.
Dans cette vidéo récente, on voit des responsables de la sécurité menacer Saadi Kadhafi d’abus sexuel. «Tu devras t’asseoir sur une balle antiaérienne, ont-ils dit en lui ordonnant d’"oublier tous des droits de l’homme […] Nous allons te faire parler de ta bouche ou de tes fesses"», lui ont-ils asséné.
الجزء الثاني " حصري لـ كلير نيوز "تهديد الساعدي بالتعذيب وهو يتحدث عن الضرب وسوء المعاملةغداً الجزء الثالث
Posted by ClearNews - كلير نيوز on 19 августа 2015 г.
Saadi Kadhafi est incarcéré à Tripoli depuis son extradition du Niger en mars 2014 où il avait fui à cause de la guerre de 2011, avant de se retrouvé assigné à résidence à Niamey.
Il est notamment accusé du meurtre d'un joueur de football alors qu'il était à la tête de la Fédération libyenne de football, ainsi que d'autres crimes en rapport avec son père, Mouammar Kadhafi.
«Aucune mère ne doit pas voir son fils subir un tel sort»
Safia Farkash, la mère de Saadi qui a eu sept enfants avec Mouammar Kadhafi, a partagé la douleur qu’elle éprouve, après avoir vu les tortures dont son fils a été victime. C’est que, Safia a déjà dû surmonter la perte de trois de ses enfants lors du conflit de 2011. L’un d’eux, Moatassem Kadhafi, a été capturé et violement battu avant d’être abattu par des rebelles associés à la milice de Fajr Libya (Aube de la Libye). Cette milice s’oppose aujourd’hui aux autorités libyennes reconnues par la communauté internationale.
Il se trouve qu’aujourd’hui, la prison de al-Hadba est actuellement contrôlée par Fajr Libya, ce qui renforce les craintes de la mère de Saadi. Safia s’est mise à «prier pour qu’il ne subisse pas le même sort que son frère» aussitôt qu’elle a appris qu’il était aux mains de cette milice.
Muammar #Gaddafi's widow Safia Farkash statement on vids of son #SaadiGaddafi beaten and threatened in #Tripoli jail pic.twitter.com/MwjZS4Fn84
— Lizzie Phelan (@LizziePhelan) 20 августа 2015
«Après des mois de silence, de peur et d’incertitude, j’ai finalement vu Saadi. Je l’ai vu être plusieurs fois torturé et maltraité par les gardes dans ces vidéos qui ont fuité», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Safia, choquée par les images qu’elle a vues, a qualifié les actions perpétrées contre son fils de «crime contre toute les notions d’humanité». «Aucune mère ne devrait voir son fils être traité de la sorte. Les gardes qui représentent la loi et l’ordre de la nouvelle Libye ne devraient pas menacer ni abuser d’aucun détenu», a-t-elle déploré.
Dans son communiqué, la veuve s’est aussi adressée aux Nations unies et au gouvernement libyen pour leur demander de prendre les mesures nécessaires garantissant la sécurité de son fils et de «tous les autres fils des mères libyennes détenus avec lui».
Le gouvernement de Tripoli condamne les proches du régime de Kadhafi à mort
Des responsables des autorités qui siègent à Tripoli (et donc pas reconnues par la communauté internationale) n’ont pas pu être atteints pour donner leur point de vue. Des sources judiciaires affirment qu’une enquête, qui a pour but d’identifier les gardes qui ont roué Saadi de coups dans la première vidéo, est en cours.
Le mois dernier, un tribunal de Tripoli avait condamné à mort par contumace un autre fils de l’ancien dirigeant libyen, Saïf al-Islam Kadhafi. Arrêté dans l’ouest du pays par d’anciens rebelles Zenten en octobre 2011, Saïf est aujourd’hui encore leur prisonnier et ils ne semblent pas être disposés à le transférer à Tripoli, d’où la condamnation par contumace.
En savoir plus dans une interview exclusive de Saïf al-Islam Kadhafi
Les deux fils de l’ancien dirigeant se trouvent à l’heure actuelle sous la garde de factions rebelles qui ne sont pas reconnues par la communauté internationale, dans un pays livré au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
D’autres proches de Kadhafi, dont l’ancien chef des renseignements, Abdullah Senussi et deux ex-Premier ministre, Baghdadi Ali al-Mahmoudi et Abuzed Omar Dorda, ont eux aussi été condamnés à la peine capitale pour «crimes de guerre». Ces hommes attendent à l’heure actuelle que la Cour suprême confirme la sentence.
Saif al-Islam #Kadhafi condamné à mort avec un peloton d'exécution par le tribunal de #Tripolihttp://t.co/Zs2ioIMOIzpic.twitter.com/bhS2jxzlRy
— RT France (@RTenfrancais) 28 Juillet 2015
L’Europe, indignée par le chaos en Libye, commence à réagir
Reste que le cas des fils de Kadhafi a attiré l’attention non seulement de la mère de Saadi, mais aussi celle de politiciens italiens de haut rang, dont notamment les ex ministres des Affaires étrangères Emma Bonino et Antonio Martino, Pier Ferdinando Casini, président de la Commission de politique étrangère du Sénat.
Le quotidien italien Corriere della Sera a diffusé une lettre, rédigée par ces hauts représentants, portant sur «la torture inacceptable du fils de Kadhafi», demandant l’arrêt des passages à tabac Saadi Kadhafi et l’annulation de la condamnation à mort de son frère Saïf al-Islam.
«Les agissements dont les deux fils détenus de Kadhafi ont été victimes récemment, représentent la confirmation du chaos et de la barbarie dans lesquels le pays est plongé», lit-on dans le quotidien.
Dans cette lettre, les fonctionnaires italiens ont évoqué les tortures que Saadi a dû subir, en qualifiant la conduite de ses gardiens de prison d’«intolérables dans le cadre des droit de l’homme et du sens de l’humanité, et qui ne correspondent pas non plus aux principes fondamentaux d’un procès équitable».
Les Italiens ont également qualifié la condamnation à la peine capitale du fils du colonel Kadhafi, Saïf al-Islam, de «parodie de justice» puisque la Cour pénale internationale a demandé depuis quelques temps à ce qu’il lui soit déferré pour qu’il puisse être jugé de manière impartiale.
Qui doit porter la responsabilité du chaos qui s’est installé en #Libye ? Réponse d'expert >> http://t.co/ubiGFioJ9Vpic.twitter.com/KG17CCaYPC
— RT France (@RTenfrancais) 18 Août 2015