L'homme qui veut devenir président des Etats-Unis, réformer puis démissionner
Lawrence Lessig n'est pas un doux rêveur, mais un intellectuel spécialiste d'Internet mondialement reconnu. Sous ses apparences de geek, il entend rien de moins que de s'attaquer à la corruption dans la politique américaine.
Véritable icône dans les milieux de l'Internet, ce professeur de Harvard est le spécialiste mondial du droit numérique. Mais c'est son autre cheval de bataille, la bataille contre l’influence de l’argent dans la vie politique, qui le met aujourd'hui sous le feu de projecteurs.
Cet intellectuel de 54 ans envisage en effet très sérieusement de poser sa candidature à la primaire démocrate avec pour perspective l’élection américaine de 2016. Le but derrière cette candidature? Porter dans les plus hautes sphères de décision son combat entamé en 2007 contre la corruption en politique.
Woah, Lawrence Lessing is crowdfunding a run for president! http://t.co/aa5kAxYsv0
— Vincent Colombo (@vcolombo) 18 Août 2015
Lawrence Lessig concourra à la primaire démocrate, à la condition préalable de réunir un million de dollars en petites donations d’ici le 7 septembre. Il rejoindra Bernie Sanders, Joe Biden ou Hillary Clinton dans cette course à l'investiture. A ce stade, il a pu réunir plus de 400 000 dollars en une semaine. S'il ne parvient pas à ce but, il rendra l'argent et ne se présentera pas..
Dans sa vidéo de présentation, il explique vouloir se présenter en raison du manque de volonté des autres candidats démocrates de réformer le système électoral: «Nous avons besoin d’une campagne qui ne soit pas qu’un affrontement partisan (...): mettre fin à ces inégalités et à cette corruption, avoir un gouvernement libéré du pouvoir de l’argent, un Congrès libre de conduire et de diriger».
#LawrenceLessing@WIREDpic.twitter.com/ZWMLaS60tt
— Great Europeans (@GreatEuropeans) 12 Août 2015
Il se définit comme «candidat référendum»: s'il est élu, il réformera en profondeur le mode de financement de la vie politique américaine et assurera une réelle égalité des citoyens. Ce qu'il appelle «les puissances économiques» ne pourront dés lors plus peser sur la vie politique du pays. Au menu de ses réformes, le financement public des campagnes, avec possibilité pour chaque citoyen d'y contribuer mais de façon raisonnable. Une fois cette réforme faite, il s’engage à démissionner.
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Elections américaines, le règne de l'argent sans limite
La candidature de Lawrence Lessig met en lumière le mode de financement de la vie politique américaine. La question est suffisamment importante puisque Bernie Sanders, lui aussi candidat à l'investiture démocrate, a également promis qu'il se battrait pour «retirer l'argent de la politique».
Ce phénomène de l'argent-roi a pris sa réelle ampleur en janvier 2010, quand la Cour suprême a autorisé les compagnies privées et les syndicats à financer librement et sans limite des candidats dont la seule obligation est de révéler publiquement leurs sponsors.
Cette dérégulation du financement électoral a eu pour conséquence que les riches mécènes et entreprises finançant les partis politiques ont semblé confisquer le jeu démocratique. En 2012, à elles seules, les campagnes de Barack Obama et de son rival républicain Mitt Romney ont coûté la bagatelle de 2,6 milliards de dollars.
Check this, Soros HSBC found laundering Money, how much went to Obama 2007 campaign? that's why our borders are open http://t.co/fM2HpRmu9P
— Capitalista (@Striker_VA) 14 Août 2015
En ajoutant les sommes dépensées par les tous les candidats aux 438 sièges à la chambre des Représentants et aux 33 fauteuils de sénateur renouvelables en 2012, on atteint la somme de six milliards de dollars.