Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales© Saad Shalash Source: Reuters
Des militaires américains patrouillent en Irak
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L’Irak, la Libye et le Kosovo ont tous trois subi une intervention militaire occidentale qui voulait faciliter l'avènement de la démocratie. Avec plusieurs années de recul, on peut évaluer leur effet, mais les résultats sont plutôt décevants.

Quand l’Occident se mêle des affaires internes d’autres pays, dans presque tous les cas, le résultat est négatif. Des pays riches et florissants à une époque plongent dans le chaos et les conflits armés, la situation politique et économique se dégrade et les civils quittent leurs pays déchirés par les guerres. RT vous présente trois exemples parlants de pays où les Etats-Unis et l’UE sont intervenus et à quoi cela a conduit.

Irak, violences incessantes

Il y a douze ans, les Etats-Unis ont envahi l’Irak au prétexte que le pays possédait de supposées armes de destruction massive. Malgré l’absence d’autorisation de l’ONU, 200 000 militaires sont entrés en Irak en mars 2003 après une campagne d’intenses frappes aériennes. Bagdad est vite tombée et Saddam Hussein a été renversé. Huit ans après, les militaires américains ont quitté l’Irak sans avoir trouvé ces fameuses armes de destruction massives qui n’existaient que dans l’imagination des autorités américaines.

Quel a été le résultat de cette intervention étrangère dans l’un des pays les plus prospères de la région à cette époque ?

La population civile est celle qui souffre le plus, comme toujours dans de telles situations de conflit. Différentes estimations font osciller le nombre de victimes civiles entre 60 000 et 200 000 morts.

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

Plus de deux millions d’Irakiens sont devenus réfugiés. Des milliers d’entre eux demandent l’asile à l’étranger, principalement dans les pays européens. Le pays manque cruellement de médecins qui ont fui à cause de cette crise. Après l'invasion de 2003, environ 18 000 médecins ont quitté le pays.

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

En 2012, on comptait seulement 84 psychiatres et 22 000 médecins pour une population de plus de 31 millions de personnes. Le taux de mortalité infantile a augmenté. Les soins de base, comme certaines vaccinations d’enfants prennent du retard. Environ 70% de la population manquent d’eau potable.

Par rapport à 2003, la corruption ne s’est pas améliorée. Selon la société Social Progress Imperative, l’Irak est le deuxième pays le plus corrompu dans le monde.
Des foyers éprouvent également des difficultés à être alimentés en électricité. Avant 2003, les Irakiens disposaient d’une alimentation électrique 16 heures sur 24 tous les jours. Cette durée n’est plus que de huit heures aujourd’hui. Alors la phrase prononcée par Barack Obama en 2013, au moment où les militaires américains quittaient l’Irak : «Nous laissons derrière nous un Irak souverain, stable et autonome» peut être qualifiée d’exagération.

Quant au terrorisme, il a commencé à prospérer après l’invasion américaine. La chute de Saddam Hussein a provoqué une déstabilisation complète du pays. Les forces de Daesh se sont créées, partiellement sur les vestiges de l’armée de Saddam Hussein. De plus, des anciens officiers irakiens forment maintenant les combattants de l’Etat Islamique. Daesh s’est déjà emparé de grandes portions du territoire irakien.

En savoir plus : Les vétérans irakiens de Saddam Hussein figureraient dans le haut commandement de Daesh

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Libye, un Etat moribond

En 2011, le régime du colonel Mouammar Kadhafi a été renversé par une révolution soutenue par l’Occident, notamment la France. Depuis, le pays est plongé dans un énorme chaos politique. Ayant déposé Mouammar Kadhafi, les rebelles ont essayé de reconstruire leur démocratie mais avec une telle ardeur que maintenant les pays dispose de deux parlements. Mais ni l’un ni l’autre n’est à même s’imposer pour mettre fin à la guerre civile et aux exactions des groupes terroristes.

De plus, La Libye est devenue un point de passage pour des centaines de milliers des migrants africains illégaux qui veulent entrer en Europe.

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Ce pays riche à l’époque offrait l’assurance médicale et l’éducation gratuites à sa population. Pour le moment, le système de santé publique est détruit et le chômage mine le pays. Les dégâts provoqués par les frappes aériennes de l’OTAN est estimé à 14 milliards de dollars, ce qui est supérieur à l’ensemble des dommages les pays européens au sortir de la Seconde guerre mondiale.

L’économie libyenne a subi des dommages conséquents et il faudrait des décennies la remettre à niveau. L’infrastructure pétrolière est, elle aussi, détruite. Avant le conflit, l’extraction pétrolière était de 1,6 millions de barils par jour, après le conflit elle a été divisée par huit. Pour l’instant, la production atteint près de 380 000 barils par jour. Les difficultés du secteur pétrolier libyen proviennent des combats qui ont lieu dans la province pétrolière de Cyrénaïque et du manque d’investissements.

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

Mais ce qui inquiète le plus l’Europe, c’est le flux ininterrompu d’immigrés clandestins qui veulent rejoindre l’UE via Libye. Selon un conseiller de l’armée nationale libyenne Salaheddin Abd al-Karim, environ cinq mille migrants illégaux arrivent en Libye chaque jour, dont 20% essaient d’entrer en Europe. Des dizaines de migrants se noient presque chaque jour en tentant de traverser la Méditerranée. Selon l’Organisation internationale pour les migrants, plus de 2 000 personnes sont décédées cette année en Méditerranée alors que près de 188 000 migrants ont réussi à rejoindre le Vieux Continent.

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Kosovo, exode massif

L’ancienne province serbe du Kosovo est un autre de ces Etats où les Etats-Unis ont essayé de construire la démocratie. En 1999, les Etats-Unis et leurs alliés ont lancé une opération militaire contre la Yougoslavie pour occuper la province autonome du Kosovo en invoquant la nécessité d’une intervention humanitaire. Mais nombreux sont ceux qui la qualifient plutôt d’agression militaire, étant donné que l’opération n’a jamais été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU. De plus, l’Etat du Kosovo n’est toujours pas reconnu par plusieurs pays.

Mais en comparaison avec l’Irak et la Libye, où la situation s’est très nettement dégradée après les conflits militaires, il existe encore des hommes politiques américains et européens pour prononcer des slogans. Ainsi, le député américain Eliot Engel a déclaré récemment que le Kosovo «est un pays en chemin vers une démocratie plus forte, une plus grande liberté et un meilleur potentiel économique».

Dans la réalité, les choses ont l’air bien différentes. Le Kosovo est l’un des pays européens les plus pauvres. Certains parlent de catastrophe lorsqu’ils évoquent son économie. Le chômage atteint 50%, 45% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La plupart des mines et des entreprises ne fonctionnent pas.

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Cela entraîne une forte augmentation du nombre de candidat à l’émigration à destination de l’UE. Depuis le mois de décembre dernier, entre 50 000 et 100 000 personnes ont quitté le Kosovo. Sachant que la population du pays se monte à deux millions de personnes, ce chiffre est considérable. Reste que les Kosovars ne sont pas les bienvenus en Europe, pour preuve, l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie ont commencé à les renvoyer depuis la fin du mois de février 2015.

Selon les estimations d’Eurostat, plus de 20 000 personnes ont quitté le Kosovo en 2013, et plus de 37 000 en 2014, ce qui représente une augmentation de 85%.

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

Volker Kauder, un homme politique allemand, a déclaré que les citoyens des Balkans avaient peu de chance de bénéficier du droit d’asile et qu’ils devaient rentrer chez eux. «Quiconque vient du Kosovo, doit être renvoyé en un mois», a-t-il déclaré.

Les populations civiles paient au prix fort les ingérences occidentales

L’Occident cessera-t-il ses ingérences ?

Ces exemples démontrent bien que l’ingérence de l’Occident dans les affaires internes d’autres pays ne finit pas bien. Néanmoins, Washington continue sa rhétorique accusatoire. Dernier exemple en date, les accusations qui rendent responsable de l’ascension de Daesh le gouvernement syrien de Bachar Al-Assad. L’administration Obama va même jusqu’à qualifier le régime syrien de «racine de tous les maux», alors qu’hier seulement un responsable du renseignement américain a accusé, sur la base d’un rapport récemment déclassifié, les autorités américaines d’avoir sciemment fermé les yeux sur la montée en puissance alors qu’elles étaient au courant de la tournure que pourraient prendre les choses.

Par hasard, le réalisateur américain Michael Moore présentera en septembre son nouveau film Where to invade next ? (Quelle sera la prochaine invasion ?) consacré à la politique extérieure américaine. Dans son documentaire, Michael Moore examine en détail les guerres que mène Washington contre ses ennemis présumés.

Il reste à espérer que l’Occident reprendra ses esprits et préfèrera un jour la diplomatie à l’ingérence.

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