A l'approche de l'hiver, l’Ukraine traverse une nouvelle crise énergétique
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, qui a employé le mot «catastrophe» pour qualifier l’état du secteur énergétique ukrainien, a convoqué aujourd’hui la réunion d’une cellule de crise des responsables du secteur.
Un vrai scandale a éclaté lors d’une visite d’Arseni Iatseniouk dans la ville de Kharkov. Il s’est avéré que la société énergétique d’Etat de la ville a fait fonctionner ses turbines lorsqu’elle a appris la venue du Premier ministre, alors qu’elle avait cessé son activité depuis un mois et demi. Arseni Iatseniouk a été passablement irrité par le fait que le gouvernement n’était pas à même de fournir de l’énergie à ses citoyens et a annoncé sa décision de convoquer la réunion d’une cellule de crise pour le secteur énergétique.
Lors de la réunion de la cellule de crise des responsables du secteur énergétique ukrainien, le Premier ministre a donné l’ordre de se mettre d’accord sur la date à laquelle auront lieu les négociations entre l’Ukraine, la Russie et l’UE sur les livraisons de gaz.
Arseni Iatseniouk a également fait savoir que d’ici le début de la saison de chauffage, l’Ukraine aurait besoin d’un stock d’environ 19 milliards de mètres cube du gaz et de 3,5 millions de tonnes de charbon, au minimum. Pour l’instant, le niveau des réserves souterraines de gaz atteignent 42% du total et le pays ne dispose que de 1,4 millions de tonnes de charbon.
Kiev dispose bien sûr de plusieurs centrales nucléaires, dont celle de Zaporojie, la plus grande d'Europe, qui fournit un cinquième de l’énergie électrique du pays, soit la moitié de l’énergie produite par toutes les centrales nucléaires du pays. Mais la production ukrainienne d’énergie nucléaire à elle-seule ne parvient pas à satisfaire la demande nationale.
Que doivent attendre les Ukrainiens avec l’arrivée de l’hiver ?
Ce n’est pas la première fois que l’Ukraine traverse une crise énergétique à l’approche de l’hiver. Mais les réserves de charbon, comme les mines, se trouvent dans le Donbass, là où les combats sont les plus violents. Plusieurs mines ont été détruites et, par conséquent, l’extraction du combustible est très difficile lorsqu’elle n’est pas impossible.
Kiev n’a pas voulu négocier avec les républiques autoproclamées et a décidé d’acheter du charbon en Afrique du Sud. Mais ce contrat a débouché sur un scandale de corruption, lorsqu’on a découvert que le ministre de l’Energie avait détourné des fonds avant de démissionner de son poste. Les réserves énergétiques étaient presque épuisées et le gouvernement a été contraint d’opérer des coupures de courant pendant quelques heures de la journée. Même la nuit du Nouvel an n’a constitué une exception.
Sur le plan énergétique aussi, les relations russo-ukrainiennes se sont aggravées depuis l’année dernière. Suite au refus des autorités ukrainiennes de s’acquitter de leur dette gazière envers la Russie, Moscou a imposé un système de prépaiement pour ses livraisons de gaz en Ukraine. Au final, Kiev doit payer à l’avance les quantités de gaz qu’elle commande.
Actuellement, l’Ukraine achète du gaz russe auprès de l’Union européenne et se fait livrer avec des flux inversés. Ce gaz est utilisé tout de suite et n’est pas stocké pour l’hiver. Pour l’instant, l’Ukraine dispose d’environ 13 milliards de mètres cube du gaz alors que les prochaines négociations sur le gaz entre l’Ukraine, l’UE et la Russie sont prévues pour la fin du mois de septembre seulement.
En savoir plus : L’Ukraine suspend ses importations du gaz naturel depuis la Russie
Pour ce qui est du charbon, la situation est encore pire. Ce combustible n’est pas stocké pour la saison de chauffage mais utilisé immédiatement. Le 31 juillet, plusieurs centrales thermiques ukrainiennes ne disposaient de réserves que pour 24 heures alors qu’elles ne fonctionnent déjà pas très bien. En effet, la majeure partie de l’équipement du parc d’exploitation du charbon date de l’époque soviétique et a déjà 60 à 70 ans. Au premier semestre 2015, le nombre des avaries recensées dans les centrales thermiques a augmenté de 60% à cause des charges excessives et de l’exploitation des turbines qui frôle les limites de capacité.
Pour remédier à ces problèmes, les autorités ukrainiennes planchent sur une solution : établir une planification des horaires auxquels l’énergie sera coupée dans le pays cet hiver.