Gaza : les journalistes servent-ils de boucliers humains aux manifestants palestiniens ?

Gaza : les journalistes servent-ils de boucliers humains aux manifestants palestiniens ?© MOHAMMED ABED / AFP Source: AFP
Des photographes de presse palestiniens marchent au milieu des gaz lacrymogènes lors d'affrontements avec les forces israéliennes le 11 décembre 2017 près de la barrière frontalière avec Israël, à l'est de la ville de Gaza.
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Le 13 avril, l'armée israélienne a diffusé une photo en accusant les journalistes de servir de bouclier humains aux manifestants palestiniens à la frontière avec Gaza. Une vidéo de l'AFP montrerait une réalité bien différente.

Souvent mise en cause pour son usage disproportionné de la force envers les civils palestiniens, l'armée israélienne mène régulièrement sur le front médiatique des offensives de communication pour justifier ou prévenir les crimes qui lui sont reprochés. Ainsi, Tsahal a publié le 13 avril une photo censée montrer que les journalistes couvrant les manifestations de Palestiniens à la frontière avec Gaza servent, peut-être sciemment, de boucliers humains aux manifestants. Ceci, selon l'armée, dans le but de la mettre en cause en cas de tirs. Une vidéo et le témoignage d'un reporter de l'AFP sur le terrain décrivent une autre réalité selon l'Agence de presse française.

L'objet de la polémique : une photo prise de loin par l'armée israélienne démontrerait, d'après Tsahal, la dangereuse proximité physique des journalistes avec ceux qu'elle qualifie de «terroristes». Prise à la frontière entre Gaza et Israël, l'image montre un journaliste de l'AFP auprès d'une caméra sur son trépied parmi les manifestants palestiniens, dont un homme sur des béquilles. A leurs pieds, un autre homme en keffieh tend le bras en direction d'Israël. «Un terroriste brandissant un engin explosif présumé, alors que des journalistes et un handicapé se tiennent juste derrière lui», a légendé l'armée israélienne sur les réseaux sociaux. Elle s'appuie sur cette prise de vue pour «mettre en garde les personnes présentes sur les lieux des violences car on se sert d'elles pour dissimuler des actes de terrorisme».

Or, selon le journaliste de l'AFP, les faits se déroulent à au moins une centaine de mètres des soldats israéliens. Celui-ci, habitué à la couverture des conflits, explique s'être placé là pour réaliser un direct précisément parce que l'endroit était à une distance assez sûre.

La vidéo tournée par le journaliste montre l'homme en keffieh s'évertuant vainement à allumer ce qui ressemble fort à un feu d'artifice paraissant peu susceptible de représenter un danger pour les soldats israéliens à cette distance. Il finit d'ailleurs par renoncer.

L'AFP avait décidé de ne pas diffuser ces images qu'elle juge cocasses, mais peu informatives, et la scène serait passée inaperçue si l'armée ne s'en était saisie.

Le porte-parole de l'armée israélienne en langue arabe, Avichay Adraee, a cependant tweeté la photo à ses 190 000 followers, assortie d'un dialogue imaginaire et suggérant un parti pris anti-israélien de la part de la presse: «Je suis venu tout seul, mais je me fiche de servir de bouclier humain. S'il m'arrive quelque chose, on accusera Israël», fait dire une bulle au vidéaste de l'AFP. De plus, le texte accompagnant le tweet accuse nommément le Hamas et l'Iran, «source de corruption et de terrorisme dans la région», d'envoyer «à la frontière des citoyens et des personnes ayant des besoins spéciaux et de les utiliser comme boucliers humains déguisés en journalistes ou autres, pour accuser Israël de les terroriser».

Interrogée sur ce qui permettait à Avichay Adraee de supposer qu'un journaliste mettrait en cause Israël en cas d'incident, l'armée israélienne a répondu que le propos était «de montrer dans quelle situation dangereuse et complexe se placent les journalistes et les civils quand ils choisissent d'être sur les lieux de violences organisées par l'organisation terroriste Hamas». Mais le propos n'était «pas de mettre en cause précisément et personnellement le journaliste en question», a-t-elle encore précisé.

La bande de Gaza, coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée est le théâtre depuis le 30 mars de manifestations massives de Palestiniens. Ce 20 avril, pour la quatrième semaine consécutive, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés à quelques centaines de mètres de la frontière lourdement gardée par les soldats israéliens, pour revendiquer le «droit au retour» sur les terres dont ils ont été chassés ou qu'ils ont fuies à la création de l'Etat d'Israël en 1948, et pour dénoncer le blocus israélien de l'enclave.

Une nouvelle fois, certains d'entre eux ont défié la mort en se détachant et en se rapprochant de la barrière de sécurité pour lancer des pierres ou des engins incendiaires sur les soldats qui n'hésitent pas à riposter, y compris avec des balles réelles. 36 Palestiniens ont été tués et des centaines d'autres blessés depuis le 30 mars. Parmi eux figure un journaliste, Ysser Mourtaja qui portait un gilet «presse» quand il a été atteint par les tirs israéliens. L'armée israélienne n'a aucune victime à déplorer dans ses rangs.

Lire aussi :«Marche du retour» à Gaza : un Palestinien tué par des tirs de soldats israéliens

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