L'Autriche apporte son soutien à Athènes et propose un étalement de la dette grecque
Le vernis d'unanimisme contre la Grèce est-il en train de craquer en Europe? C'est ce qui pourrait se déduire de la déclaration du chancelier autrichien Werner Faymann qui a plaidé pour qu'une chance soit donnée au pays.
Peu avant sa visite officielle à Athènes, la première d'un dirigeant européen depuis l'arrivée au pouvoir de Syriza en janvier, Werner Faymann a pour le coup fait preuve de cette solidarité européenne qui semblait tant manquer à la Grèce.
«Ce qui se passe en Grèce devrait servir d'alerte sur ce qui se passera si on n'impose que de l'austérité (...). En d'autres termes, toujours plus de chômeurs, un accroissement de la dette et du risque de pauvreté» a-t-il indiqué dans une déclaration très remarquée.
Meeting at 12:00pm tomorrow with the Chancellor of Austria, Mr. Werner Faymann. #Greecepic.twitter.com/cVKqUpiGA4
— Alexis Tsipras (@tsipras_eu) 16 Juin 2015
Toujours selon Werner Faymann, si Athènes doit respecter ses engagements, le pays n'en a pas moins besoin d'un soutien afin d'éviter qu'il quitte la zone euro. Il a également prôné un étalement de la dette grecque. Ce n'est pas la première fois que le Chancelier plaide pour la Grèce; déjà en 2012, il avait insisté pour qu'Athènes bénéficie aussi de délais supplémentaires.
La Grèce pourrait être dans l'incapacité des rembourser les quelque 1,5 milliard d'euros qu'elle doit au FMI d'ici à la fin juin. Dans l'esprit de toutes les parties, plane la menace d'un défaut de paiement et d'une sortie de la Grèce de la zone euro aux conséquences imprévisibles .
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Pendant ce temps, la guerre des nerfs continue entre la Commission européenne et la Grèce
La visite et les propos du chancelier autrichien devraient d'abord mettre du baume au coeur d'Alexis Tsipras qui a dénoncé l'intransigeance de ses créanciers en les accusant de vouloir «humilier» son pays.
Mais surtout, tout cela vient mettre un peu d'huile bien nécessaire dans les rouages de plus en plus grippés de la négociation entre la Grèce et la Commission européenne.
Les négociations avec la #Greece plutôt mal parties... #ECB#imf#eucommission#lagarde#Draghi#junker#Tsipraspic.twitter.com/gUBuobn3eu
— benalo_2015 (@benalo_2015) 17 Juin 2015
Dernier heurt en date, la déclaration musclée de Jean-Claude Juncker qui a accusé Alexis Tsipras de désinformer l'opinion publique grecque sur l'état des négociations avec ses créanciers internationaux: «Le débat (...) serait plus facile si le gouvernement grec disait exactement ce que la Commission propose réellement» s'est insurgé le président de la Commission européenne.
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L'intransigeance du FMI de plus en plus ouvertement posée
Autre sujet de la colère grecque, l'intransigeance supposée du FMI. Alexis Tsipras a ainsi réaffirmé son refus d'une réduction des pensions de retraite, malgré la recommendation expresse de l'institution financière internationale: «Les demandes des créanciers sont irrationnelles. Nous attendons patiemment qu’ils accèdent au réalisme » a-t-il ainsi déclaré.
Dans ma dernière note de blog, je raconte comment le FMI sabote les négociations avec la Grèce. ➡️http://t.co/7q0mg6PsUD - #FMi#Grèce
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 16 Juin 2015
Sans la précaution diplomatique habituelle, Alexis Tsipras a même parlé de «responsabilité criminelle» au FMI dont les exigences, selon lui, sont responsables de l'actuelle situation du pays: «Le moment est venu pour que les propositions du FMI soient jugées non seulement par nous mais surtout par l'Europe (...) car l'Europe doit discuter non seulement pour la Grèce mais aussi pour l'avenir de la zone euro».
Il a enfin vu la lumiere! @quatremer: "Le FMI nuit a la Grece". Il oublie: la Commission & les Etats-membres de l'UE. http://t.co/BeKmZp5O7H
— Philippe Marlière (@PhMarliere) 17 Juin 2015
Une remarque qui peut se lire comme une mise en garde implicite aux autres pays européens que Paul Krugman, prix Nobel d'économie, a résumé dans un article paru dans le New York Times: « la Grèce, qu’on le veuille ou non, fait partie de l’Union Européenne et ses problèmes se répandraient certainement sur le reste de l’union même si les fondements financiers restaient. Une sortie forcée de la Grèce de la zone euro créerait des risques économiques et politiques gigantesques, pourtant l’Europe semble avancer telle une somnambule vers cette issue ».
En France, les médias commencent également à poser la question d'une divergence d'intérêt entre le FMI et l'Union européenne. Certains éditorialistes soulignent que «Le FMI obéit à des considérations uniquement budgétaires» et qu'il «ne se préoccupe guère du maintien de la Grèce dans l’euro, pas plus que de la pérennité du projet européen : ce sont des questions politiques qui lui sont étrangères».
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