Lavrov à Bloomberg : «Le refus de coopérer avec El-Assad n’aide point à combattre Daesh»
Selon le chef de la diplomatie russe, les opérations militaires de la coalition internationale anti-Daesh doivent être autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU et se dérouler avec l’accord des autorités syriennes.
Dans une longue interview à la chaine de télévision américaine Bloomberg, le ministre des Affaires étrangères russe a notamment évoqué le problème de la lutte contre le terrorisme. En répondant à la question «Pourquoi la Russie ne participe-t-elle pas à la coalition contre Daesh (Etat islamique) ?», Lavrov a déclaré que les opérations militaires de la coalition doivent être autorisées par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Sergey Lavrov's live Interview for http://t.co/NY9eOe7rZV / Интервью С.Лаврова для http://t.co/NY9eOe7rZVpic.twitter.com/nr4Mc7T1Sz
— MFA Russia (@mfa_russia) 2 Juin 2015
«Evidemment, nous ne sommes pas contre les efforts de la coalition en vue d’affaiblir un dangereux groupe terroriste, mais la possibilité existait déjà de combattre ce groupe avant le début de ces opérations. Comme je l’ai déjà dit, nous préférons travailler en nous appuyant sur le droit international», a dit Sergueï Lavrov.
Dans le même temps, le diplomate a qualifié d’«erreur» la posture de Washington consistant à refuser de solliciter l’autorisation des autorités syriennes pour entamer des raids aériens sur les positions de Daesh en territoire syrien. En Irak, comme souligne le ministre, le gouvernement a bien été consulté et a donné son consentement aux bombardements.
#Irak#Syrie : les zones contrôlées par #Daesh, via @francetvinfo. Des questions sur le rôle de la #coalition? #28minpic.twitter.com/y2PIZBkYMK
— 28 minutes (@28minutes) 2 Juin 2015
D’après Lavrov, cette double approche est due à «une obsession autour de la personnalité du président El-Assad». «J’estime que le refus de coopérer avec le président syrien n’est point bénéfique à la cause commune qu’est la lutte contre le terrorisme», a-t-il noté. «Je tiens à rappeler qu’El-Assad a été reconnu comme un partenaire parfaitement légitime lors de l’adoption de la résolution sur le désarmement chimique de la Syrie, une résolution soutenue par les Etats-Unis».
Le conflit interne syrien ne peut être résolu que par la voie diplomatique, a encore déclaré le ministre. «En sachant que les efforts de l’ONU et de l’envoyé spécial de l’organisation Staffan de Mistura visent l’inclusion de toutes les composantes de la société syrienne dans le processus de règlement politique, les acteurs internationaux doivent se demander qui représente le plus de danger : El-Assad ou Daesh ?», a estimé Lavrov.
Les propos du ministre russe font écho à la conférence de la coalition anti-Daesh prévue pour le mardi 2 juin à Paris. La conférence, qui a réuni des ministres des Affaires étrangères et des représentants d’organisations internationales et se déroule en présence du Premier ministre irakien Haider al-Abadi, porte sur la recherche de nouvelles stratégies dans la lutte contre Daesh. En dix mois d’opérations, les forces de la coalition ont procédé à 4 000 frappes aériennes sans pouvoir arrêter l’avancée des djihadistes.
In @francediplo quai d'orsay for ministerial meeting of the Global coalition to counter Daesh pic.twitter.com/hmtlnCwWAX
— stefano verrecchia (@stefanover) 2 Juin 2015
Le groupe terroriste Daesh continue de s’étendre en territoire irakien, libyen et syrien, il y contrôle désormais de vastes régions. Les extrémistes ont récemment pris le contrôle de la ville antique syrienne de Palmyre, qui abrite les chefs-d’œuvre architecturaux vieux de deux mille ans.
En Irak, les combattants de l’Etat islamique ont pris Ramadi, capitale de la province d’Anbar située à 90 kilomètres de Bagdad.