La progression de l'euroscepticisme est-elle inexorable ?
Dix ans après le référendum sur le traité européen, les Français revoteraient «Non». Avec le référendum britannique, la percée de l'extrême-gauche au Sud et des Conservateurs à l'Est, c'est une drôle d'Europe eurosceptique qui se dessine pour demain.
Le 29 mai 2005, les Français votaient «non» au référendum sur la ratification du traité européen. Dix ans après, un sondage IFOP montre qu'ils seraient même encore plus nombreux à faire ce choix aujourd'hui, 62 % contre 55% à l'époque. Une défiance qui parcourt toute l'Union européenne. Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Pologne: les dirigeants de ces pays brisent le tabou de l'union sacrée à tout prix. Tour d'horizon (non-exhaustif) de ce vent eurosceptique qui souffle sur le vieux continent.
«L'Europe est illégitime en France», affirmait vendredi 29 mai Jean-Luc Mélanchon, candidat du Front de Gauche à la présidentielle de 2012, sur les ondes de la radio Europe 1, « il y a dix ans, le peuple français a donné son avis. Deux dirigeants, Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui s'étaient déjà montrés en photo ensemble pour appeler à voter 'oui' en première page de Paris Match, se sont mis d'accord pour que le 'non' des Français se transforme en un 'oui'». Référence faite ici à l'acceptation du traité de Libsonne par le Parlement français lors du Congrès de Versailles.
La France est l'un des pays qui a envoyé le plus d'eurodéputés eurosceptiques à Strasbourg en 2014.
La Grande-Bretagne...et le scénario du Brexit
En visite jeudi 28 mai à Paris, David Cameron a essuyé les foudres (polies tout de même) de François Hollande et de Laurent Fabius, tous les deux très inquiets quant à la tenue d'un référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE, prévu pour 2017.
«La population britannique a été habituée à ce qu'on lui dise: 'L'Europe, c'est une mauvaise chose', et le jour où on va la consulter, il y a un risque qu'elle dise que l'Europe est une mauvaise chose», a ainsi tancé le ministre français des Affaires étrangères.
David Cameron demande de son côté à ses homologues européens de se montrer «flexibles et imaginatifs» pour réformer l'UE, seule voie selon lui pour éviter la réalisation d'un Brexit.
Grèce et bientôt Espagne ?
La victoire du parti d'extrême-gauche, Syriza, lors des dernières élections législatives grecques a secoué la vénérable institution européenne.
Bien que le parti ne prône pas officiellement une sortie de la Grèce de l'UE, ou de l'Euro, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a pourtant exprimé publiquement ses sentiments lors d'un colloque organisé à Athènes il y a deux semaines, affirmant: «Si seulement nous n'étions pas entrés dans l'euro».
En savoir plus: Varoufakis : «Si seulement nous n'étions pas entrés dans l'euro»
La percée du parti Podemos (anti-austérité et qui se méfie de l'UE) lors des élections municipales espagnoles de la semaine dernière démontre que les pays d'Europe du Sud, qui ont subi des cures d'austérité drastiques, sont de moins en moins séduits par l'Europe.
La Pologne et la Hongrie
A l'autre bout de l'échiquier politique, la victoire surprise du conservateur polonais, Andrzej Duda, lors de la présidentielle de dimanche dernier est un autre signe de ce rejet de l'Europe. Le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, ouvertement eurosceptique, pourrait ainsi reprendre la main lors des élections législatives qui auront lieu cet automne.
With even Poland turning eurosceptic, the #EU needs strong visible reform and much better PR. We need a stronger Union. #PolandVotes#Duda
— Razvan Sassu (@RazvanSassu) 24 Mai 2015
Quant à la Hongrie, son Premier ministre eurosceptique, Viktor Orban, déclarait il y a déjà deux ans déjà au journal français l'Express : «L'Europe est devenue un empire». Opposé à la politique des quotas de migrants proposée par la Commission européenne, il envisage de proposer à son peuple un référendum sur cette question faisant hurler de rage les députés européens...