Daesh capture la ville clé de Ramadi, malgré les efforts de la coalition
Les forces irakiennes ont retiré leurs troupes du camp de Ramadi, ayant perdu le contrôle de la capitale de la province d’Anbar face aux combattants de Daesh, malgré les raids aériens de la coalition internationale encadrée par les Etats-Unis.
«Ramadi est tombée», a confirmé Mouhannad Haimour, le porte-parole du gouverneur de la province d’Anbar. «La ville a été complètement prise… Les militaires battent en retraite», a-t-il ajouté.
Le porte-parole fait état de la mort d’au moins 500 personnes lors de l’offensive djihadiste. Les combattants de Daesh, qui ont déclaré contrôler la totalité de la ville, ont pris des trophées : plusieurs chars ainsi que de nombreuses armes à feu laissés par les militaires irakiens en fuite.
PHOTOS: #ISIS releases pictures of captured #Iraqi army vehicles in #Ramadi - @AAhronheimpic.twitter.com/4hNinGrYiX
— Global Media (@gblmedia36) 18 Mai 2015
L’offensive finale qui a expulsé les forces gouvernementales et les milices tribales a débuté samedi. Les combattants de Daesh ont pris pour cible les agents de police qui protégeaient le quartier de Malaab par des attentats-suicides. Trois autres kamikazes ont pris d’assaut le siège militaire alors que les forces irakiennes se retiraient.
Selon des témoins sur place, les terroristes ont déjà perpétré des massacres sur les forces de sécurité irakiennes et des civils. Le dirigeant tribal sunnite Naeem al-Gauoud a dit que des corps couvraient les rues de la ville alors que d’autres étaient simplement jetés à la rivière.
Les raids coalisés s’avèrent inefficaces
La ville de Ramadi a été prise malgré le soutien américain et la contre-offensive des forces irakiennes pour reprendre le contrôle de la ville. Au moins sept frappes ont été menées ces 24 dernières heures – le plus grand nombre de frappes pour un même site – mais en vain.
«C’est un champ de bataille fluide et contesté», a souligné le porte-parole du Pentagone Steve Warren, en admettant que les raids n’ont pas eu le succès escompté.
US-led coalition conduct 19 air strikes in 72 hours in Ramadi amid ISIS 'takeover' reports. (@itvnews) pic.twitter.com/AbX7PHf851
— Breaking News (@NewsOnTheMin) 18 Mai 2015
Malgré tous leurs efforts, les Etats-Unis ont promis une nouvelle aide aérienne aux forces irakiennes pour reconquérir cette ville stratégique.
Mais qu’est-ce que les frappes aériennes ont donné en Irak? Les Etats-Unis déclarent que les frappes ont permis d’arrêter la progression de Daesh au nord de l’Irak, particulièrement dans le Kurdistan, qui possède de grands réserves de pétrole, tandis que dans le même temps Daesh s’empare de territoires dans l’ouest du pays, et Ramadi –dernier succès en date des terroristes.
En outre, les raids aériens font beaucoup de victimes parmi les habitants civils en Iraq et en Syrie. Les dernières victimes sont une famille irakienne de cinq personnes, y compris une femme enceinte, décédées non loin du village de Mossoul. D’après les informations de Chris Woods, le fondateur de Airwars.org, un projet qui suit la guerre aérienne contre Daesh, au moins 167 civils ont péri à la suite de plus de 2 400 raids aériens en Irak.
UK carried out 10%+ of coalition's 2,400 airstrikes on Iraq. French & Dutch next most active http://t.co/KLpY99vls3pic.twitter.com/5uNMvrZWyE
— Airwars (@airwars_) 18 Mai 2015
Entretemps, en Syrie les frappes ont emporté les vies de 118 civils depuis le mois de septembre, selon les données de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
En presque un an, Daesh a réussi à capturer de larges territoires au nord du pays, ainsi que les villes de Mossoul et Tikrit qui avaient une grande importance pour l’Irak à l’échelle nationale.
By now, #Iraq was supposed to be re-taking #Mosul - instead, #Daesh (#ISIS) takes another province capital. @Reuterspic.twitter.com/Rom6PmoO6J
— Jim Clancy (@ClancyReports) 18 Mai 2015
Alors que les terroristes ont proclamé un califat sur les territoires capturés, leurs forces sont nourries par les partisans en provenance d’autres pays arabes et d’Europe qui rejoignent le groupe pour essayer de mettre en œuvre cette idée de califat au Moyen-Orient.
En savoir plus : le bilan des djihadistes français tués en Syrie et en Iraq a atteint 104 morts
Daesh est devenu un vrai Etat
Dans le même temps, le journaliste d'investigation Juergen Todenhoefer, a pénétré dans les territoires sous contrôle de Daesh, et a révélé lors d'une interview avec la présentatrice de l’émission «SophieCo» sur RT tout ce qu’il avait pu apprendre.
'I met many Americans. I met many Germans, and French people, and British people': Jürgen Todenhöfer from inside ISIS-held territory
— Fareed Zakaria (@FareedZakaria) 17 Mai 2015
D’après ses dires, Daesh est un vrai Etat, qui fonctionne comme un Etat, c’est-à-dire, il y a des agents de police, des juges et même une protection sociale, les contribuables payant leurs taxes dans le même temps. «Ce n’est pas un bon Etat, mais c’est un Etat», souligne le journaliste.
Ce qui est curieux, selon lui, c’est ce que les combattants de Daesh eux-mêmes disent que s’il y avait des élections à Racca, la capitale actuelle de Daesh en Syrie, Bachar al-Assad y remporterait la victoire car l'Etat syrien continue de payer les salaires aux employés restés dans la ville.
Il est à mentionner que les combattants de Daesh ne sont pas aimés de la population syrienne. Les membres de Daesh ont confirmé à Juergen Todenhoefer que presque 70% de leurs combattants sont étrangers ce qui est une sorte d’occupation pour les habitants de la Syrie.