Palmyre menacée. D'hier à aujourd'hui, une liste de monuments saccagés par le Djihad
En Syrie, les djihadistes de l'EI se sont approchés ce jeudi de l'antique cité de Palmyre à 240 kilomètres au nord-est de Damas, menaçant plus de 60 000 habitants et faisant craindre la destruction de ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane a affirmé que la bataille se déroulait à 2 km à l'est de la ville. Tous les postes de l'armée entre Al-Soukhna et Palmyre, distantes d'environ 80 km, seraient désormais aux mains de l’Etat islamique (EI).
Après la chute mercredi de la localité d'Al-Soukhna, 1 800 familles ont fui vers Palmyre où trois centres d'accueil ont ouvert, a indiqué le gouverneur de la province de Homs Talal Barazi.
Depuis mercredi, les combats dans les environs ont fait 125 morts, dont 70 soldats et 55 djihadistes.
Dans les villages à proximité de Palmyre où l'armée a dû se retirer, l'EI a procédé à l'exécution de 26 civils, dont 10 par décapitation, pour avoir collaboré avec le régime.
Au carrefour de plusieurs civilisations, Palmyre abrite les ruines d’une grande cité qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture allie aux Ier et IIe siècles les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse, selon l’Unesco.
Dans un appel lancé à la communauté internationale, le directeur des Antiquités et des musées syriens, Maamoun Abdelkarim, a affirmé que si le groupe djihadiste entrait à Palmyre, celle-ci serait immédiatement détruite ce qui représenterait une catastrophe internationale. «Nous prions Dieu que l'armée syrienne les repousse», a-t-il déclaré.
Les rebelles avaient déjà pris le contrôle de Palmyre de février à septembre 2013 avant que la ville ne soit finalement reprise par l'armée. Durant les combats, le temple de Baal avait été endommagé.
En effet, la destruction des vestiges du passé constitue une arme de choix pour les groupes djihadistes, ces derniers considérant les antiquités comme des idoles qu'il faut détruire.
Ainsi, en Mars 2001, les talibans avaient déjà détruit les trois gigantesques statues de Bouddha à Bâmiyân en Afghanistan après presque un mois de bombardements intensifs, causant une vive émotion de par le monde.
Plusieurs monuments, musées et trésors historiques irakiens ont déjà été dévastés par l'EI tels que le site archéologique de Nimroud, joyau de l'empire assyrien, les cités de Ninive, une des plus anciennes de Mésopotamie, Hatra et Khorsabad, célèbre pour ses statues de taureaux androcéphales ailés dont certaines se trouvent aujourd'hui au musée du Louvre à Paris ou dans celui de Mossoul en Irak.
En Syrie, les djihadistes ont saccagé deux lions assyriens à Raqqa, ville dont Daesh a fait sa capitale,
et ont effectué des fouilles au bulldozer sur les sites de Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), et Hamam Turkoman près de Raqqa (nord).
Les djihadistes ont à chaque fois filmé leurs méfaits et diffusé ensuite les images sur internet et les réseaux sociaux comme preuve de leur détermination à détruire tout ce qui se rapporterait à la période pré-islamique.
La directrice-générale de l’Unesco Irina Bokova, qui se trouvait au Caire pour une conférence organisée par l’Egypte et consacrée à la protection du patrimoine archéologique au Moyen-Orient a, pour sa part, appelé à tout mettre en œuvre pour empêcher la destruction de Palmyre qui représente un irremplaçable trésor pour le peuple syrien et le monde entier.