La NSA a «demandé» au BND d’espionner Siemens au sujet de liens présumés avec le renseignement russe
La NSA aurait sollicité l’aide de l’agence de renseignement allemande pour espionner le groupe basé à Munich qu’elle soupçonnait de connivences avec le renseignement russe, a révélé le journal Bild am Sonntag.
L’information provenant d’une source anonyme de l’hebdomadaire allemand dans le renseignement américain vient s’ajouter à de nombreux scandales d’espionnage qui minent la confiance entre Américains et les Allemands. Siemens, au demeurant, a démenti tout lien de ce type avec la Russie.
Selon l’article, la NSA aurait demandé au BND d’espionner les groupes Airbus et Siemens. A propos de ce dernier, les Etats-Unis auraient aurait justifiant leur requête en prétendant que la compagnie hi-tech allemande entretenait des liens contractuels avec une agence de renseignement russe. En effet, la NSA aurait soupçonné Siemens de transférer des technologies de communication au Service des communications spéciales et d'information (ou «Spetssviaz» en russe).
Dans des commentaires séparés à l’attention de Bild am Sonntag, Siemens a nié tout contact avec le renseignement russe.
Le porte-parole de Siemens a aussi dit au journal allemand qu’il «n’était au courant d’aucun fait dans le domaine de compétence de la compagnie» qui puisse fonder un examen aussi approfondi de son activité.
On ne sait toujours pas si le BND a accédé à la requête de la NSA, lit-on dans l’article. Le BND n’a pas donné de commentaires, selon Reuters.
Le scoop de Bild am Sonntag est sorti peu après que les médias allemands ont rapporté le 4 mai que le BND avait arrêté de partager des données de surveillance en ligne avec la NSA. Les fonctionnaires allemands auraient demandé à l’agence américaine tout d’abord présente une demande officielle expliquant sa nécessité d’accéder à des données de surveillance en ligne collectées le poste de Bad Aibling en Bavière où sont basés 120 employés du BND et quelques techniciens de la NSA.
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Les services américains, d’après l’article, auraient refusé de répondre à la demande parce qu’elle aurait été formulée au dernier moment.
D’après les médias allemands, le BND a décidé de limiter la coopération avec la NSA pour reformer ses relations futures avec l’agence américaine.
Espionnage allemand des intérêts français. Fabius: pas de remise en cause de l'amitié franco-allemande.1 diplomatie sous contrôle de Berlin
— Karim Ouchikh (@OuchikhKarim) 11 мая 2015
Les relations entre les services de renseignement américain et allemand se sont compliquées en 2013 lorsqu’Edward Snowden, ancien collaborateur de la NSA, a révélé l’existence d’un programme de surveillance américain portant sur les responsables gouvernementaux allemands, y compris sur la chancelière Angela Merkel.
Presque deux ans après, le scandale semble être loin d’être réglé à mesure que plus de révélations sortent de l’ombre.
Des personnalités et des entreprises FR espionnées par le renseignement allemand pour le compte de la NSA #PJLRenseigment
— ツBG (@j_bg) 26 Avril 2015
En avril, Der Spiegel a rapporté que la NSA avait envoyé au BND des milliers de fichiers appelés «sélecteurs», qui comprennent des adresses IP, des courriers électroniques et des numéros de téléphone collectés pendant 10 ans. Le BND aurait téléchargé les sélecteurs de la NSA dans son système de surveillance et les a utilisé pour espionner ses cibles, parmi lesquelles se trouvaient des politiciens européens, y compris français et des entreprises européennes le groupe EADS incluant Eurocopter et le constructeur aéronautique Airbus.
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Le 4 mai dernier, la chancelière allemande Angela Merkel, a essayé de justifier les agissements du BND, tout en promettant de coopérer pleinement avec une enquête parlementaire au sujet des révélations et de fournir «tous les détails nécessaires».
Angela Merkel, en même temps, a indiqué que c’était impératif que les deux agences continuent leur coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international, réitérant cependant son aversion pour l’espionnage sur les nations amies.