L’Arabie saoudite bombarde le Yémen avec les bombes à fragmentation américaines
La coalition arabe utilise des bombes à fragmentation lors des raids aériens contre les Houthis au Yémen, a rapporté Human Rights Watch. Une pratique qui met en danger la population civile exposée aux sous-munitions non éclatées.
Ces dernières semaines, la coalition a utilisé des bombes à fragmentation dans la province yéménite de Saada, à la frontière nord l’Arabie Saoudite qui est historiquement contrôlée par les rebelles, a annoncé Human Rights Watch.
«Ces armes ne doivent être utilisées en aucune circonstance. L’Arabie saoudite et les autres membres de la coalition ainsi que leur fournisseur américain bafouent les standards globaux qui rejettent les munitions à fragmentation à cause de la menace à long terme pesant sur la population civile», a déclaré Steve Goose, directeur du pôle armements à Human Rights Watch.
Les armes à fragmentation contiennent des centaines de sous-munitions explosives qui se diffusent sur une zone étendue. Ce type d’arme est dangereux parce que certaines sous-munitions n’explosent pas immédiatement et peuvent rester dormantes pendant des décennies avant de s’exploser. Les civils et des enfants sont typiquement les premières victimes de tels pièges.
Une convention internationale signée par 116 pays interdit l’utilisation des munitions à fragmentation, mais les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Yémen lui-même ne sont pas parmi les signataires. Les règlements d’exportation américains, néanmoins, requièrent que toutes les armes à fragmentation vendues aux nations étrangères soient seulement utilisées contre «des cibles militaires clairement définies et ne soient pas utilisées dans les endroits où il y a des civils ou dans des régions habitées».
Human Rights Watch dit avoir reçu des preuves vidéo et photo ainsi que des témoignages d’habitants selon lesquels la coalition utilisait les bombes à fragmentation lors des raids aériens contre les Houthis. Dans un cas, elles auraient été lâchées dans un champ, à 600 mètres de plusieurs dizaines d’habitations civiles.
«Nous ne savons pas pourquoi ils ont utilisé ces bombes dans ce cas. Ils l’ont fait auparavant en 2009, et déjà à l’époque, nous ne comprenions pas pourquoi ils faisaient ça», a dit à RT Belkis Wille, expert du Koweït et du Yémen à Human Rights Watch.
«Les habitants du village où on a pris des photos des munitions sur le terrain ont dit qu’ils soupçonnaient l’Arabie saoudite d’essayer de bombarder la route principale reliant la ville de Saada, bastion des Houthis dans le pays, à la capitale Sanaa en direction du sud. Nous n’avons pas pu vérifier cela, malheureusement», a-t-elle ajouté.
L’organisation a identifié les armes utilisées comme des bombes à capteurs CBU-105 produites par Textron Systems Corporation. C’est une bombe de 450 kilogrammes qui contient dix sous-munitions BLU-108 qui sont dispersées puis parachutées dans les airs. Ensuite, elles-mêmes dispersent des sous-munitions plus petites qui détectent des véhicules blindées comme des chars et des VBTTs et les éliminent.
Une vidéo qui montre le déploiement de deux bombes à capteurs CBU-105, selon Human Rights Watch, a été publiée le 17 avril sur une chaîne Youtube pro-Houthis. Les bombes appartiendraient aux Emirats arabes unis qui les ont commandées aux Etats-Unis en vertu d’un contrat signé en 2007.
L’Arabie saoudite, en 2013, a signé un contrat similaire portant sur la vente des mêmes bombes, a annoncé Human Rights Watch.
Riyad nie avoir recouru le 29 mars à des bombes à fragmentation dans sa campagne yéménite qui a commencé trois jours auparavant.