Face au doute, La France insoumise joue l'union sacrée

Face au doute, La France insoumise joue l'union sacrée© Sylvain Thomas Source: AFP
La tête de liste LFI pour les européennes Manon Aubry, accompagnée par Jean-Luc Mélenchon, lors d'un meeting à Nîmes, le 5 avril 2019 (image d'illustration).
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Après avoir essuyé plusieurs défections, LFI contre-attaque à quelques jours des élections européennes. Utilisant la carte fédératrice, le parti fait appel à François Ruffin pour tenter de retrouver le score atteint aux présidentielles en 2017.

«Le 26 mai, pour la première fois depuis l’élection présidentielle de 2017, vous pouvez faire entendre votre voix.» C’est par cette phrase, prononcée par Jean-Luc Mélenchon, que s’ouvre le nouveau clip de campagne de La France insoumise (LFI) pour les prochaines élections européennes. Sorti le 13 mai, le spot de plus de trois minutes fustige un président de la République qui «multiplie les cadeaux aux plus riches et accroît les inégalités», réduisant «les droits des salariés», fermant les gares «à la demande de l’Union européenne» et ne faisant «rien» devant la «menace» climatique.

A l'image du clip, LFI reprend les thématiques de la campagne présidentielle 2017 dans son discours et revendique un monde plus «beau» et une vie plus «douce». Néanmoins, la vie du parti depuis quelques mois n’est pas un long fleuve tranquille. Dernier événement en date : le 14 mai, Andréa Kotarac, membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon et ancien conseiller régional LFI, annonçait sur BFMTV son départ de la formation politique et appelait à voter pour le Rassemblement national (RN) lors des élections européennes.

Un coup de tonnerre et un «coup monté», selon le président du groupe LFI à l’Assemblée nationale. «Pour solde de tout compte : Kotarac est le nom d'une boule puante de fin de campagne. Un coup monté. Le soutien d'un tel traître à ses amis déshonore ceux qui compteraient en profiter. Qu'il respecte au moins les électeurs. Élu contre le FN, il doit démissionner de son mandat», avait alors tweeté, passablement agacé, le député des Bouches-du-Rhône.

Cette défection, si elle arrive à moins de deux semaines du scrutin, n’est pas un cas isolé. Le 18 avril dernier, dans un communiqué, Thomas Guénolé, alors candidat de La France insoumise (LFI) aux élections européennes et co-responsable de l’école de formation politique de LFI, confirmait également son départ du parti critiquant un «appareil central [qui] fonctionne comme une toile d’araignée : des cercles de plus en plus étroits, jusqu’à "JLM" [Jean-Luc Mélenchon] au centre qui in fine décide de tout ce qui compte en symbiose avec Sophia Chikirou» et dénonçant des «méthodes staliniennes».

LFI l’avait alors précisé avoir reçu «un signalement de la part d’une jeune femme des faits pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel de la part de Thomas Guénolé» l’accusant d'«[instrumentaliser] des prétextes politiques pour sa défense».

La directrice du Média, affilié aux insoumis, la journaliste Aude Lancelin, avait également démissionné de son poste, le 9 avril, regrettant un «putsch» au sein de sa rédaction.

Par ailleurs, le 28 novembre 2018, Djordje Kuzmanovic, alors cadre de LFI, signait une tribune dans Marianne intitulée Pourquoi je quitte LFI, dans laquelle il dévoilait un mouvement se caractérisant par «un manque profond de démocratie». Il avait par la suite créé son propre parti baptisé République souveraine.

Ruffin à la rescousse

Alors que les intentions de vote en sa faveur oscillent autour de 8% (entre 7% et 10%), LFI tente de persuader ceux qui avaient choisi Jean-Luc Mélenchon en 2017. Présent sur le plateau de France 2, le 16 mai, le député du Nord, Adrien Quatennens, a appelé les sept millions d’électeurs de LFI lors de la présidentielle à «renouveler ce choix». «Ce dont nous avons besoin, c'est de mobiliser parce qu'on nous annonce un tableau extrêmement sombre avec 40% de participation […]. Il semblerait […] que beaucoup de ceux qui avaient choisi de voter pour nous en 2017 sont aujourd'hui plutôt abstentionnistes», a-t-il reconnu.

Et pour fédérer, qui de mieux que François Ruffin ? En meeting commun à Rouen le 16 mai, Jean-Luc Mélenchon et la tête de liste Manon Aubry recevront le soutien de celui qui vient de réaliser un film, J’Veux du soleil, consacré au mouvement des Gilets jaunes et qui jouit d'une exposition médiatique enviable sur les bancs de l'Assemblée nationale. En avril, il avait déjà reçu les deux figures du parti sur ses terres d’Amiens pour une réunion publique. Et peu de membres de LFI, pas même Adrien Quatennens, ne peuvent se targuer d’avoir partagé la scène avec l’ancien sénateur de l’Essonne.

Cet électron libre, que représente le député de la Somme, auteur du pamphlet Ce pays que tu ne connais pas, s’est même offert le luxe de trouver le slogan pour la fin de campagne : «Dites Manon à Macron.» Son dernier film sera diffusé le 19 mai, lors du Festival de l’insoumission, organisé par LFI sur la place Stalingrad, à Paris, en présence de Manon Aubry et de Jean-Luc Mélenchon.

De plus, à l’occasion du meeting tenu en avril à Amiens, Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin s’étaient retrouvés dans une vidéo, assis dans la cuisine de ce dernier, afin d’afficher un peu plus leur proximité. Reste à savoir si cette union sacrée sur fond de défection permettra de faire décoller LFI, alors que les élections européennes approchent.

Alexis Le Meur

Lire aussi : Européennes : quels sont les soutiens internationaux des candidats ?

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