71 migrants morts en Autriche, que disent les politiques français ? En fait, rien !
Alors que 71 migrants étaient retrouvés morts, le 27 août, dans un camion abandonné en Autriche, la classe politique française est restée très en retrait. Un silence qui tranche avec le déferlement de réactions suscitées par le mort de Calais.
Au coeur de l'été, le 29 juillet, la nouvelle tournait alors en boucle sur les radios et télévisions françaises: un migrant est décédé dans le tunnel sous la Manche, à Calais, alors qu'il tentait de gagner le Royaume-Uni. Envoyés spéciaux et photographes ralliaient en toute urgence la petite ville du Nord, alors que nos hommes et femmes politiques se relayaient sur les plateaux pour commenter cette actualité tout en twittant sous les hachtag #Migrants #Eurotunnel #Calais
A l'extrême-droite, on fustigeait la politique gouvernementale alors que chez les Républicains, on demandait plus de fermeté. Nadine Morano en profitait, elle, pour défrayer la chronique sur la radio Europe1.
Drames d'#Eurotunnel : "Nous payons le laxisme des politiques migratoires". #RTL
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) July 29, 2015
N'attendons pas un nouveau drame ! La loi doit s'appliquer, les clandestins doivent être reconduits. #Calais#Migrants#Eurotunnel
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) July 29, 2015
Au PS, on dénonçait surtout les «drames humains», alors que le Parti de Gauche s'était emparé du sujet depuis le mois de juin.
#Calais on ne peut pas rester inactif face aux drames humains. L'Europe doit agir. #ITELE
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) 29 Juillet 2015
Du boulot pour @hugohanr ou @A_V_Cailleteau : Mettre en ligne le débat de @Simonnet2 :-) http://t.co/ICC3WnpTHc + http://t.co/eKz0b1RqsN
— lucioleparis (@departemenparis) 10 Juin 2015
D'ailleurs, les politiques n'étaient pas les seuls à tweeter à propos du drame de Calais, le hashtag #Migrants ayant été utilisé près de 100 000 fois les 29 et 30 juillet. Aussi, lorsque les cadavres de 70 réfugiés furent découverts dans un camion abandonné sur une route autrichienne, on pouvait s'attendre à ce que le tamtam politique fasse encore beaucoup de bruit. Il n'en fut pourtant rien. A Paris, ce fut le silence radio.
La mort de 50 #migrants en #Autriche émeut Angela #Merkelhttp://t.co/cIjxEIWSRBpic.twitter.com/fOgju8gqAw
— RT France (@RTenfrancais) 27 Août 2015
Quand le dernier tweet de François Hollande et de sa communication élyséenne évoque le conseil des ministres, chez Manuel Valls c'est le drame de Roye, dans la Somme qui mobilise le chef du gouvernement.
Horreur et immense tristesse face au drame de Roye. Mes pensées vont aux familles, aux victimes et au gendarme abattu en servant la France.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 25 Août 2015
Dans les chapelles politiques, le silence est tout aussi assourdissant. Au FN, aucun des cadors n'est sorti du bois. Florian Philippot préférant se concentrer sur les Roumains employés par le PS pour ses universités d'été.
En savoir plus: France, le PS a employé des salariés roumains low-cost pour son université d'été
Pourquoi donc le PS est-il gêné par l'emploi de Roumains à son UDT alors qu'il est pour la directive détachement ? Gêné car ça se voit ?...
— Florian Philippot (@f_philippot) 27 Août 2015
A Gauche, le sujet ne passionne pas plus les foules. Aucun tweet sur le drame autrichien au Parti communiste. Idem au Parti de Gauche, où l'on semble surtout concentré sur le Remue-méninges de Toulouse -universités d'été- des 29 et 30 août.
Demain début #RM2015 à Toulouse. Au menu ntmt #cop21#Regionales2015#sommetplanb#mouvementcitoyens et convivialité !
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 27 Août 2015
Un silence pesant de la classe politique qui peut sans doute s'expliquer par l'éloignement géographique de la tragédie, la fameuse théorie du mort-kilomètres. Et puis, il est fort à parier que l'attention de nos élus a surtout été captée ces derniers jours par l'actualité politique, universités d'été du PS, du Medef et des Verts, à mille lieues des autoroutes autrichiennes.
Une seule femme politique de haut-rang tweetera son indignation. Il s'agit de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui en 140 signes résume bien la situation...
#Migrants, previsible: nos réserves de superlatifs épuisées avant la fin des drames. Que diront les livres d'Histoire et d'Ethique?
ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 28 Août 2015