Ce que l'on sait du retraité «patriote» accusé d'avoir préparé une attaque contre Macron

Ce que l'on sait du retraité «patriote» accusé d'avoir préparé une attaque contre Macron© Benoît Tessier Source: Reuters
Angela Merkel, Emmanuel Macron et Brigitte Macron à Paris le 11 novembre 2018.
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Père de deux enfants et retraité, Jean-Pierre Bouyer est considéré comme le cerveau du groupe qui aurait visé Emmanuel Macron sur son parcours d'«itinérance mémorielle». Actif sur les réseaux sociaux, il voulait mener «une opération coup de poing».

Jean-Pierre Bouyer, 62 ans, retraité de la filière du bois dans l'Isère, est devenu la figure de proue du groupe qualifié d'«ultra-droite» dont les membres ont été interpellés le 6 novembre pour avoir planifié une action violente à l'encontre d'Emmanuel Macron.

Interrogé dans le JDD du 11 novembre, Laurent Nunez, ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et nouveau bras droit de Christophe Castaner au ministère de l'Intérieur, a reconnu à propos de ce groupe : «Il semble que le président de la République était pour eux une cible potentielle, même si le projet n’était pas abouti.» Les services ont décidé d'agir après que l'Isérois a décidé de se rendre sur le parcours de l'«itinérance mémorielle» d'Emmanuel Macron à Charleville-Mézières.

Des patriotes, des vrais, pas des figurants, qui désirent donner d'eux-mêmes

Selon les premières informations fournies par les médias, à l'instar de FranceInfo, le mis en cause se serait doté d'un couteau en céramique afin de pouvoir passer les portiques de sécurité des commémorations sans déclencher d'alarme. Il a été arrêté avec six autres suspects avant d'y parvenir. Deux des membres ont été rapidement remis en liberté.

Originaire de Saint-Georges-de-Commiers, le retraité est considéré comme le cerveau de l'opération présumée. Sur son groupe Facebook baptisé Les Barjols 38 (en référence à la Légion étrangère et à son département d'origine) il avait fait savoir son intention de recruter des «patriotes, des vrais, pas des figurants [...] qui désirent donner d'eux-mêmes».

Ce que l'on sait du retraité «patriote» accusé d'avoir préparé une attaque contre Macron

Le 3 septembre, sur sa page toujours active à ce jour, il annonce : «A tous mes amis sur cette page, je voudrais dire ceci. Aujourd'hui grosse déception peu de mobilisation pour notre action. Voire rien, nulle, alors je me demande où sont ceux qui me suivent. Partis, endormis ou individualistes et considérant ma page comme un journal. Ok donc voici ce que je décide de faire : je cherche des patriotes, des vrais, pas des figurants, mais des personnes qui désirent donner d'eux-mêmes pour ce pays [sic]. Je vous laisse une semaine pour m'envoyer un message en MP (message privé) à la suite de cela. Je procéderai à un nettoyage de cette page et au blocage de ceux qui ne m'auront pas envoyé un petit mot. Je ne peux être plus clair, plus franc. A bientôt de vous lire peut-être. Bonne journée.»

Après l'élection d'Emmanuel Macron en juin 2017, Jean-Pierre Bouyer a fondé ce groupe ouvertement hostile aux «directives européennes», à «l'immigration massive», à «la montée de l'islam» et aux «marionnettes des oligarques». Le groupe se veut «patriotique» et «surtout apolitique», mais porte un credo musclé : «l'ACTION c'est la SOLUTION». 

Au mois d'avril, il avait déjà alerté : «Nous sommes 67,2 millions d'habitants [...] hoooooo !!!! Réveillez-vous [...] je vous laisse méditer car nous réfléchissons à une opération coup de poing».

Les Barjols : entre opposition et complotisme, les médias se régalent

Si le dessein final du groupe n'est pas très clair, Jean-Pierre Bouyer était visiblement très opposé à la politique du gouvernement actuel. Plusieurs médias comme Le Monde n'hésitent pas à amalgamer l'action des Barjols à celle des Gilets jaunes qui manifesteront le 17 novembre contre la hausse des prix du carburant partout en France. L'article du quotidien publié ce 12 novembre tisse par ailleurs des liens avec un groupe paramilitaire baptisé les Forces françaises unitaires et souligne que certains membres des Barjols sont d'anciens soutiens du Rassemblement national.

Le journal présente en ces termes une réunion du groupe à laquelle il a eu accès : «Ils s’insurgeaient contre les 80 kilomètres/heure, les vaccins qui inoculeraient "dieu sait quoi" à leurs enfants, les Francs-maçons… Les théories du complot irriguent leurs échanges, eux qui revendiquent "le droit d’être paranos". Ici, on brandit des vidéos sorties d’Internet en jurant que Marine Le Pen a subi des pressions la poussant à rater son débat, que « les Rothschild » – la famille de banquiers juifs – sont derrière l’élection d’Emmanuel Macron ou que la mort de Coluche ne serait pas tout à fait accidentelle.»

Concernant Jean-Pierre Bouyer en revanche, l'un des Barjols interrogé par le journal précise que le militant, déçu du manque d'implication des 2 400 membres de son réseau, a fini par quitter l'organisation «il y a "deux-trois mois"», un autre ajoute : «Pour gueuler sur les réseaux sociaux, y’a du monde, mais quand faut se réunir tout le monde chie dans son froc.»

Selon les informations de l'AFP, la femme du négociant en bois, père de deux enfants est totalement déboussolée par l'interpellation de son mari et se dit «stupéfaite», avant de préciser : «J'essaie de réfléchir, je ne comprends pas.» Un de ses amis au sein des Barjols estime pour sa part : «Il était convaincu que ça allait être positif [...] Je ne peux pas penser qu'il ait pu imaginer cela [une attaque]», et d'ajouter que son camarade «est tombé dans un piège pour détruire le mouvement des patriotes». Interrogé par l'AFP, l'ami de Jean-Pierre Bouyer rectifie : «On n'est pas des terroristes [...] C'est sûr qu'il y a de la haine, mais pas au point de passer à la violence.» Visiblement, la DGSI en a jugé autrement. Interrogée par FranceInfo, une «source proche de l'enquête» affirme pour sa part : «On est vraiment intervenus juste avant une action imminente. Il a l'air de monsieur Tout-le-monde, il aurait pu y arriver.» Selon les enquêteurs, c'est la troisième affaire de ce type en un an.

Lire aussi : Six individus interpellés pour un projet d'action violente contre Emmanuel Macron

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