RSF veut un «pacte mondial» contre la désinformation... avec le soutien d'Emmanuel Macron

RSF veut un «pacte mondial» contre la désinformation... avec le soutien d'Emmanuel Macron© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
Emmanuel Macron reçoit des représentants de Reporter sans frontières le 11 septembre 2018
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Déplorant une «crise de confiance dans les démocraties», RSF entend parvenir à faire signer aux Etats un «Pacte international pour l’information et la démocratie». Emmanuel Macron a déjà exprimé son soutien à cette initiative.

Les initiatives des grands médias institutionnels (CheckNews, Decodex...) et les lois contre la manipulation de l'information voulues par l'exécutif, avec pour objectif de lutter contre la désinformation, ne suffisent-elles donc pas ? L'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF), qui suit l'affaire de très près, a lancé le 11 septembre la rédaction d'une «Déclaration sur l'information et la démocratie», «70 ans après la Déclaration universelle des droits de l'Homme», précise l'ONG dans un communiqué de presse publié sur son site, revendiquant ainsi une filiation prestigieuse. Prestigieuse également : la composition de la «Commission sur l'information et la démocratie», créée pour l'occasion et qui sera chargée de plancher sur cette Déclaration. «L’objectif ultime de l’initiative est d’obtenir un engagement international d’Etats, d’entreprises privées et de représentants de la société civile», précise RSF qui formule l'ambition de rédiger un «Pacte international pour l'information et la démocratie», sur la base de la Déclaration. 

L'ONG qui militait jusque-là pour la seule liberté d'informer et qui dénonce régulièrement la censure et les persécutions contre les journalistes à travers le monde, confirme ainsi que la lutte contre les fake news est son nouveau cheval de bataille. 

25 personnalités prestigieuses triées sur le volet

Pour l'occasion, RSF a ainsi réuni un casting prestigieux de 25 personnalités.

On relève notamment la présence de plusieurs opposants politiques parmi lesquels, Shirin Ebadi, une avocate iranienne prix Nobel de la paix (2003), «pour ses efforts considérables et novateurs en faveur de la démocratie et des droits humains», rappelle RSF. «L'une des rares femmes avocates à se battre pour la défense des droits de l'Homme», toujours selon RSF. L'avocate nigériane Hauwa Ibrahim a également rejoint l'aréopage, aux côtés de l'économiste et prix Nobel Joseph Stieglitz, par ailleurs ex-vice président de la Banque mondiale. La liste comprend également des journalistes ayant exercé des fonctions importantes, comme Emily Bell, rédactrice en chef du site web du quotidien britannique de centre gauche The Guardian, ainsi que des universitaires, ou encore Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature publié dans la prestigieuse collection de La Pléiade. Complétant ce panel, la Commission s'est aussi adjoint les services d'un journaliste d'opposition turc, Can Dundar, ex-rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, condamné en 2016 à cinq ans et 10 mois de prison par la justice turque.

Le recrutement de RSF a-t-il tenu compte des vues de la diplomatie française ? Quoi qu'il en soit, il est à noter que le seul représentant de la Russie dans la Commission est un certain Mikhail Zygar, dont le mérite, aux yeux de RSF, est d'avoir écrit des livres critiques à l'égard du Kremlin. En revanche, aucun opposant à Emmanuel Macron ne semble figurer dans la liste.

«Vérités factuelles» confiées à des spécialistes et soutiens d'Emmanuel Macron

D'après RSF, ces élites doivent formuler des propositions, selon une «mission» rédigée par les co-présidents de la Commission, Shirin Ebadi et Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. 

Cette mission est ainsi définie sur le site (en anglais, le lien en français ne fonctionnant pas) : «Pour le bien de l'humanité, le débat public doit être fondé sur des "vérités factuelles" qui puissent être exprimées et interprétées librement.»

Suivant le raisonnement de RSF, ces «vérités factuelles» devraient ainsi être confiées à des spécialistes. «L'exigence de rigueur, d'indépendance et de pluralisme sont plus nécessaires que jamais», poursuit RSF, déplorant une «crise de confiance dans les démocraties et l'influence grandissante des régimes despotiques». Pour autant, l'exigence d'indépendance n'empêche pas RSF de rechercher le patronage des puissants. 

Pacte mondial

D'après l'AFP, Christophe Deloire a souhaité que les dirigeants du monde entier puissent s'engager dès la mi-novembre 2018 sur l'élaboration d'un «pacte mondial», rien de moins. Emmanuel Macron a pour sa part exprimé le 11 septembre son intention de «mobiliser» sur ce sujet les dirigeants qui seront réunis, lors du Forum de Paris pour la paix, du 11 au 13 novembre pour marquer le centenaire de la Première Guerre mondiale. Le président français a d'ores et déjà apporté «son soutien» à la création de la «Commission sur l'information et la démocratie», selon l'Elysée. Le président de la République venait de consacrer une heure et demi à plusieurs des personnalités de la Commission. Un «débat extrêmement libre et ouvert», s'est félicité Christophe Deloire, à l'issue de la rencontre.

Devrait-on en conclure que RSF abonde dans le sens des propositions de loi portées par la ministre de la Culture Françoise Nyssen ? De fait, le diagnostic que RSF pose sur l'information à l'ère de l'immédiateté d'internet et des réseaux sociaux n'est pas sans rappeler celui que la ministre faisait en mai dernier. Françoise Nyssen estimait alors que la seule capacité de discernement des Français ne suffisait plusPartisan dans les grandes lignes de la guerre que l'exécutif français a déclarée aux sources d'informations alternatives, RSF n'a pas encore fait connaître sa position quant au rapport sur «les manipulations de l'information», présenté le 4 septembre dernier à la ministre des Armées Florence Parly. Le document, qui préconise entre autres de marginaliser des médias comme RT France et Sputnik, décrits comme des «organes de propagande étrangers», a été jugé ce 12 septembre «inquiétant et dangereux» par Patrick Kamenka de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Alexandre Keller

Lire aussi : Quand un rapport officiel français recommande aux Etats de «marginaliser» RT

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