Nuits d’émeutes en banlieue parisienne après la fermeture d’une salle de prière (VIDEOS)

Nuits d’émeutes en banlieue parisienne après la fermeture d’une salle de prière (VIDEOS)© Charly Triballeau Source: AFP
Fidèles musulmans priant dans une mosquée du Havre, images d'illustration.
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Les nuits d’affrontements se succèdent à Sartrouville depuis le 5 juin, à la suite de la fermeture d’une salle de prière suspectée d'être un foyer salafiste. Policiers et pompiers subissent les assauts de jeunes du quartier.

Depuis le 5 juin, le quartier de la Cité des Indes à Sartrouville est durant la nuit le siège d’affrontements intenses entre la police et certains de ses habitants. La raison de la colère du quartier : la fermeture le 4 juin de sa salle de prière, depuis des années dans le viseur des autorités.

Les heurts sont survenus quelques heures seulement après l’expulsion des fidèles de ce lieu de culte musulman, déjà fermé deux fois auparavant sur ordre du préfet. Les fidèles se sont repliés sur un autre local à proximité. Mais la salle initiale a été murée, suscitant la colère du voisinage.

Selon Le Parisien, les forces de l’ordre ont dû essuyer plusieurs nuits durant des tirs de mortier artisanal, de projectiles, des jets de pierre ou encore de feux d’artifice, tandis que des départs de feu survenaient à divers endroits. En réponse, les forces de l’ordre ont procédé à de nombreux tirs de flash-ball et à des lancers de grenades de désencerclement. Des jeunes s’en sont pris à un système de vidéosurveillance qu’ils ont voulu incendier, ainsi qu’aux locaux du bailleur qui louait jusqu’ici la salle de prière. Ils ont brisé au marteau les vitres d'un de leurs bâtiments.

Pourquoi Sartrouville s'embrase-t-il ainsi ? Les fidèles de la salle de prière n'ont pas supporté l'expulsion de l'association qui gérait le lieu de culte, à la demande du bailleur social Logement Francilien. Pour la troisième fermeture de ce local ouvert depuis 17 ans, le bailleur a eu recours à la force publique pour faire respecter l’injonction à quitter les lieux qui avait été ordonnée le 17 mai. La salle de prière était considérée suspecte depuis les années 2000 au point qu’une perquisition a été menée en ses murs en 2015, sans résultat. Mais l’ancien préfet des Yvelines Serge Morvan, qui a récemment quitté son poste, l’accusait d’être un avant-poste du salafisme, en accointance avec des terroristes. Il a produit deux arrêtés, l’un en octobre 2017 qui courait jusqu'à la fin de l’état d’urgence le 1er novembre. A la suite de la réouverture du lieu, le préfet a produit un second arrêté préfectoral.

Une salle de prière justifiant le «recours au djihad» selon le préfet

Selon les termes utilisés dans les arrêtés de la préfecture, le préfet avait estimé que ce local était «le théâtre d’un prosélytisme intense». Il a évoqué «la diffusion de prêches radicaux par son imam et les imams extérieurs», «la mise à disposition aux fidèles d’ouvrages comprenant des passages appelant à la haine et à la discrimination envers les juifs et les chrétiens et justifiant la violence et le recours au djihad».

L'ancien préfet a affirmé de même que certains fidèles avaient été arrêtés en pleins préparatifs pour se rendre en Syrie ou en avaient encouragés d’autres à partir, dont une une jeune djihadiste française en 2014. Il a également accusé l'ancien président de l'association cultuelle de la salle, Saïd Djelleb, d’être en relation avec Djamel Beghal, le mentor de l’un des frères Kouachi et d’Amédy Coulibaly, auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher en janvier 2015, qui sortira bientôt de prison. 

Ces propos ont été réfutés en bloc par l’intéressé, qui a confié au Parisien ne pas connaitre Djamel Beghal, et ne pas comprendre pourquoi il n’avait pas été inquiété par les forces de l’ordre avec tout ce que le préfet sous-entendait sur le lieu de culte dont il avait eu la responsabilité. Pour preuve de sa bonne foi, il fait valoir qu’il s’était retiré de la présidence de l’association en novembre 2017, laissant place à une personnalité moins controversée. Des caméras de vidéosurveillance avaient été installées et un nouvel imam avait été nommé. Mais les autorités ont décidé que ces changements intervenaient trop tard et que la base de fidèles était déjà inquiétante.

Lire aussi : Multiplication par 10 du nombre de salafistes en 14 ans : les renseignements français inquiets

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