François Hollande parle au JDD, réactions sévères en France
Le Président de la République a rendu hommage à Jacques Delors et au projet européen, dans une lettre adressée à nos confrères du JDD. En France, les réactions sont divergentes.
«Ce qui nous menace, ce n'est pas l'excès d'Europe mais son insuffisance». Dans une lettre, publiée dimanche 19 juillet par le Journal Du Dimanche (JDD), François Hollande fait l'éloge du projet européen, notamment à travers un hommage à l'ancien ministre des Finances et commissaire européen Jacques Delors. Son idée principale : reprendre les projets de ce dernier de créer un gouvernement de la zone euro, avec un budget spécifique et un parlement pour en assurer le contrôle démocratique.
Le chef de l’État évoque également l'Europe telle qu'elle était conçue par celui qui a été le premier ministre des Finances sous la présidence de François Mitterrand. «La France, comme Jacques Delors nous l'a montré, se grandit toujours quand elle est à l'initiative de l'Europe», affirme-t-il, dans ce texte dédié à l'idée d'une Europe politique.
Dans le #JDD, François Hollande écrit à Jacques Delors ce qu'il ne lui avait jamais dit http://t.co/WseVmqBNT8pic.twitter.com/9RVQH4h48E
— Le JDD (@leJDD) 19 Juillet 2015
Le Président de la République française, dévoile sa vision du projet européen : une manière de fédérer et d'unir les forces du continent dans un processus qui sera à l'avantage de chacun. «C'est l'Europe qui est attendue pour porter les technologies de demain», affirme-t-il. «Promouvoir un modèle industriel, réussir la transition énergétique et écologique, investir dans la connaissance, réduire les disparités territoriales, assurer la solidarité à l'intérieur par des investissements et à l'extérieur par des actions de développement».
Pour François Hollande, la relation Franco-allemande est solide et qualitative, et les transferts de souveraineté sont nécessaires pour assurer à chaque pays européen une place dans le projet : «aucune nation ne peut concevoir d'abandonner une partie de sa souveraineté si elle n'a pas la certitude qu'elle sortira plus forte de ce processus».
La classe politique française réagit
Avec une telle déclaration d'amour au projet européen, François Hollande a entraîné des réactions de la part de la plupart des bords politiques de France.
En tête des eurosceptiques, la présidente du Front Nationale Marine Le Pen lui a répondu via un communiqué de presse. «L'euro est un échec», affirme-t-elle, ajoutant qu'un «gouvernement de la zone euro serait la négation encore plus affirmée des démocraties et des souverainetés nationales, réduites à presque rien».
Je réponds à la tribune de @fhollande dans le @leJDD : http://t.co/n9xacIc8eY#Euro
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 Juillet 2015
Dans le camp des centristes, le maire de Pau François Bayrou a réagi avec un trait d'humour : «l'idée que François Hollande soit audacieux ne m'était jamais venue à l'esprit», a-t-il annoncé, avant de redevenir sérieux : «l'Europe meurt d'être dirigée dans les coulisses.»
#Bayrou «L'idée que François #Hollande soit #audacieux ne m'était jamais venue à l'esprit.»
#bim#MoDem#PS#JDDpic.twitter.com/yBZF0zUyAr
— Bob le Centriste ن✏️ (@BobLeCentriste) 19 Juillet 2015
#Bayrou «L'Europe meurt d'être dirigée dans les coulisses [comme le fait François #Hollande].»
re-#bim#MoDem#JDDpic.twitter.com/UZN4IEp1CX
— Bob le Centriste ن✏️ (@BobLeCentriste) 19 Juillet 2015
Un autre souverainiste, une autre réaction agacée : le maire de Hyères Nicolas Dupont-Aignan parle de «coup d'état permanent».
Hollande ds le JDD ose parler de démocratie ds la zone Euro en proposant un pseudo parlement sorte de paravent du coup d Etat permanent !
— Dupont-Aignan (@dupontaignan) 19 Juillet 2015
S'il va plus dans le sens de François Hollande, l'ancien Premier minsitre François Fillon ne lui accorde pas sa confiance, lui reprochant de manquer de «courage» et de «cohérence».
Notre souveraineté a un prix : celui du courage et de la cohérence. Ces deux vertus manquent à votre présidence ! @fhollande@Elysee#JDD
— François Fillon (@FrancoisFillon) 12 Juillet 2015
Depuis sa page Facebook, l'ancienne ministre Nadine Morano a également pris le temps de rédiger une réponse, dans laquelle elle met le Président de la République au défi : «l'audace, c'est l'action, monsieur le Président», tout en affirmant partager «l'idéal européen».
En réponse aux propositions de François Hollande sur l'Europe aujourd'hui dans le JDD :L’audace c’est l’action,...
Posted by Nadine Morano on dimanche 19 juillet 2015
François Hollande trouveras néanmoins quelques alliés dans son combat. Tout d'abord son chef de gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls, qui soutient son idée d'une France à «l'avant-garde» de la zone euro, accompagnée de «l'Allemagne, l'Italie, les pays fondateurs».