Prix des billets, racisme : polémiques autour des rapatriements provoqués par le passage d'Irma
Nombre de sinistrés cherchent à fuir Saint-Martin et Saint-Barthélemy après le passage de l'ouragan Irma. Or, des habitants des îles et des internautes ont accusé les autorités et les compagnies de transport de faire preuve de racisme ou de cupidité.
Dix décès, sept personnes portées disparues, des habitations démolies, des infrastructures détruites : les ravages de l'ouragan Irma sur les îles françaises de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, selon le dernier bilan du 10 janvier, sont d'une ampleur rare. Si bien que nombre d'habitants de ces lieux sinistrés et encore truffés de dangers souhaitent les fuir au plus vite, au moins temporairement.
Mais dans cet exode, par voies aériennes ou maritimes, la confusion règne et des accusations de racisme s'élèvent contre certaines compagnies de transport et les autorités locales.
Accusations de racisme et de favoritisme pro-américain
«C'est sélectif ! Le bateau arrive, on n'a vu que des métropolitains, que des Blancs», a par exemple déclaré une habitante de l'île de Saint-Martin au micro de France Info, après l'évacuation vers la Guadeloupe de touristes, majoritairement américains, par le navire Archipel 1.
Ce sentiment d'injustice a été partagé par un certain nombre d'internautes sur les réseaux sociaux.
Je ne vois que des blancs revenir de saint Martin et saint Barthélémy dans 66 minutes !! 🤔
— Loving Søul 🌸 (@Perle_Raare) 10 septembre 2017
truc de fou ce qui se passe à saint martin quand même c'est chaud! les "blancs" (touristes) sauvés avant les locaux... pas d'eau... bref
— Memphis Dimay (@Mehdi_IF) 10 septembre 2017
Ordre d 'évacuation pour les sinistrés de #SaintMartin
— jmc (@nabotine974) 10 septembre 2017
1 Les blancs riches
2 Les blancs riches
3 Les blancs riches
Les noirs démerdez vous
Des utilisateurs de Twitter ont très précisément pointé du doigt le fait que de nombreuses personnes évacuées via le vaisseau Archipel 1, étaient de nationalité américaine.
Il y a eu des évacuations de #SaintMartin vers la Guadeloupe : majoritairement des blancs américains. #Irma
— Netchys ن Zeus (@netchys) 10 septembre 2017
C'est grave ce qu'il s'est passé à Saint Martin, d'ou tu prends un bateau payé par les impôts des guadeloupéens pour sauver des américains ?
— peaceminusone (@envmy) 10 septembre 2017
La polémique née de cette évacuation a été attisée par la déclaration du capitaine du bateau, au média public (chaîne télévisée et radio) Guadeloupe 1ère. Il a confié avoir été missionné par le préfet de Guadeloupe pour conduire cette évacuation de touristes.
Malaise à #guadeloupe : Un bateau de rescapés #StMartin#Irma est arrivé avec des dizaines de touristes américains @guadeloupe_1erepic.twitter.com/rhH3MycDSd
— La1ere.fr (@la1ere) 9 septembre 2017
Néanmoins, sur Twitter, la préfecture de Guadeloupe a démenti l'information : «Le préfet n'a jamais donné d'ordre de rapatriement de touristes au navire Archipel 1. Le bateau devait se mettre à l'abri à l'annonce d'une forte houle», a-t-elle assuré.
Le @Prefet971 n'a, en conséquence, jamais donné d'ordre de rapatriement de touristes au navire Archipel 1 - cc @la1ere
— Préfet de Guadeloupe (@Prefet971) 9 septembre 2017
Concernant les accusations de sélection raciste lors des évacuations, de manière générale, le préfet de Guadeloupe a souhaité mettre les points sur les «i» : «L'Etat a organisé l'évacuation de personnes vulnérables et de malades qui ne pouvaient plus être pris en charge à Saint-Martin. Ces personnes ont été désignées par les autorités sanitaires.»
De même, Guadeloupe 1ère a déclaré que la «couleur de peau» n'était pas prise en compte dans l'organisation des vols sanitaires.
Une explosion des tarifs ?
Autre polémique ayant enflé sur les réseaux sociaux : les tarifs des vols en partance des îles sinistrées de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy auraient explosé.
Le 9 septembre, un certain François Boquet, assurant relayer «une demande et un besoin des habitants de Saint-Martin et de Saint-Barth», publie une pétition sur le site Change.org. Son motif : convaincre Air France de mettre en vente des «billets à prix honnête». «Pour rentrer de Guadeloupe», affirme-t-il, la compagnie aérienne française exigerait entre «entre 1 150 euros et 3 500 euros».
«Merci à notre gouvernement de laisser ces superbes compagnies se faire du fric sur le dos des familles qui souhaitent évacuer, ayant tout perdu et n'ayant pas d'abris», vitupère l'auteur de la pétition en ligne dont le succès est phénoménal. Plus de 60 000 internautes lui ont en effet apporté leur soutien.
Auprès de France Info, néanmoins, Air France réfute imposer de tels prix pour des vols aller. La compagnie aérienne fait état de billets à 300 euros pour les victimes d'Irma, en classe économique, soit un prix nettement inférieur à celui du marché. En outre, Air France se déclare prête à affréter un avion supplémentaire pour évacuer les sinistrés, le 12 septembre, si les autorités devaient le décider.
#Mélenchon, #Ciotti, #LePen... Après l'ouragan #Irma, les critiques contre le gouvernement fusent
— RT France (@RTenfrancais) 10 septembre 2017
➡️https://t.co/7fDCtjiXIhpic.twitter.com/rHRiyhRe43
Quoi qu'il en soit, les proportions de la crise qui règne dans les îles françaises des Antilles sont telles que l'opposition, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Eric Ciotti, a dénoncé une mauvaise anticipation de la part des autorités. Une situation dont la gravité n'échappe pas à l'exécutif, rétorque le pouvoir. Le président de la République, Emmanuel Macron, est d'ailleurs attendu à Saint-Martin le 11 septembre.